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OUAGADOUGOU : Le Fespaco s’intéresse au "Cinéma africain et marchés"

La 22ème édition
du Festival panafricain
du cinéma et de
la télévision de Ouagadougou (FESPACO)
se tiendra du 26 février au 05
mars 2011 sous le thème : « Cinéma
africain et Marchés ».
Les mutations technologiques intervenues
dans les domaines de la
production et de la-post production
cinématographiques et audiovisuelles en
général, ont contribué depuis quelques
années à une offre plus large et à une
diversification des modes de production
en Afrique.

CINÉMA AFRICAIN ET MARCHÉS


Toutefois, la diversification de
cette offre en matière d’image contraste
avec la disparition progressive des salles
comme lieux de consommation collective
de films, accentuant l’absence du film
africain sur son propre marché. La part
des films africains sur l’ensemble du marché
cinématographique du continent ne
représente que 3 % alors que celle des
films américains s’élève à 70 %.
Fait aggravant, les films africains
ne sont pas mieux lotis sur le marché
international, bien au contraire. En effet,
très peu de films africains ont accès au
marché international et notamment aux
chaînes de télévision hors du continent.
Certes, le marché de la télévision africaine
offre depuis peu un autre visage
plus profitable aux productions cinématographiques
et audiovisuelles africaines.
En lieu et place des programmes des
télévisons publiques auxquels étaient
astreints le spectateur africain, ont succédé
des programmes diversifiés qu’offrent
aujourd’hui près de trois cents chaînes
privées dans quarante
quatre pays, qui
se partagent sept cents
millions de téléspectateurs.
Ces derniers temps, plusieurs
chaînes de télévision internationale se
sont positionnées sur le marché, en dirigeant
leur programme vers le public africain.
Ainsi il n’existe pas un seul public
mais des publics, donc des marchés susceptibles
d’être conquis par les productions
cinématographiques et audiovisuelles
africaines.
Les défis sont multiples. Dans ce
rapport, la qualité des oeuvres proposées
doit répondre aux critères de qualité
exigés par le marché international. Quant
au contenu des films, le chemin semble
encore long pour ôter au cinéma africain,
le qualificatif péjoratif de ’films calebasses’
qu’il traine du fait des nombreux
récits ancrés dans l’univers culturel,
essentiellement rural. Il faut d’autre part,
décloisonner le cinéma africain de l’univers
des festivals européens dans lequel
il reste confiné. Ces festivals, tout
comme les salles d’art et d’essai ou l’on
retrouve le plus souvent les films africains,
créent un public occidental en
manque d’exotisme pour le cinéma africain,
sans retombée économique véritable
en dehors de la promotion culturelle.

Le défi qui se pose aujourd’hui aux productions africaines est double.

Il s’agit :
- de répondre à l’attente du public local
devenu trop exigeant par l’influence des
programmes étrangers qui inondent les
écrans africains ;
- de proposer des oeuvres de qualité
dont le contenu reflète une meilleure
représentation des réalités africaines,
notamment des préoccupations de la vie
urbaine.

La proximité culturelle du
cinéaste ainsi que la langue utilisée par
les comédiens sont des gages de succès.
Or la multiplicité des langues, le
manque de professionnels formés au
doublage, sont des obstacles non négligeables
dans une stratégie de conquête
du marché, tant national qu’international.
L’enjeu aujourd’hui pour l’audiovisuel africain
se pose en termes de redéfinition du
contenu et de qualité des oeuvres. A la
suite des réflexions menées lors des différentes
éditions du Fespaco, le thème
’’Cinéma africain et marchés’’ de l’édition
2011 se pose comme un thème de
réflexion indispensable, pour jeter les
bases d’une véritable conquête des marchés
locaux et internationaux par les productions
africaines.
Dès lors, on est en droit de se
poser des questions :
- Comment répondre aux attentes des
spectateurs africains ?
- Comment faire circuler les oeuvres
audiovisuelles africaines ?
- Comment trouver de nouveaux marchés
tout en reflétant une meilleure
représentation des réalités africaines ?
En somme, entre films de spectacle
résolument commerciaux, films populaires
de divertissement voués à une distribution
locale et films d’auteurs susceptibles
d’aller à la conquête de marchés
internationaux, quels sont les voies et
moyens dont les Etats africains doivent
doter leur cinéma, pour répondre aux exigences
du marché ?
Telles sont, quelques unes des
questions auxquelles devraient répondre
les acteurs du cinéma et de l’audiovisuel

L’INVITE D’HONNEUR

Elikia M’Bokolo
République
Démocratique
du Congo.
Scénariste,
acteur, écrivain
et grand
historien,
Dieudonné Elikia
M’Bokolo est né en
1944 à Kinshasa, en République
Démocratique du Congo.

Elikia M’Bokolo a fait ses études universitaires
à Paris où il a été élève
de l’École normale supérieure et
d’où il est sorti agréger d’histoire en
1971. Ce jeune congolais à l’époque, a
décidé de devenir historien, après avoir
assisté à un discours du premier ministre
congolais Patrice Lumumba, au cours
duquel ce dernier avait évoqué l’« Histoire
des africains par les africains ». Directeur
d’études à l’École des Hautes Etudes en
Sciences Sociales, il a enseigné dans
d’autres institutions parisiennes comme :
l’Institut des Sciences et Techniques
Humaines (ISTH), l’Institut Libre
d’Etude des Relations Internationales
(ILERI) et l’Institut d’Etudes Politiq
ues (IEP).
Elikia M’Bokolo est polyvalent : il produit
pour Radio France Internationale l’émission
très connue
" Mémoire d’un continent ",
est le président de la Coordination de la
diaspora congolaise, mais aussi scénariste
et acteur sur plusieurs films ayant
trait à l’histoire du continent africain. Cet
historien de grande renommée est également
l’auteur d’une douzaine d’ouvrages,
toujours axés sur le continent africain.
M’bokolo est membre de plusieurs
Conseils scientifiques français, ainsi que
du laboratoire du Centre d’études africaines.
Il est en outre, Directeur de la collection
"L’Afrique dans tous ses États"
(Éditions SIDES). Historien de renommée
mondiale, sa spécialisation sur l’Afrique,
lui vaut le surnom de “Justicier de la
mémoire Africaine”.n
(NEPAD).

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