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LONDRES : Pavillon Jean Nouvel : rouge flamboyant

Chaque année, la Serpentine Gallery invite une star de l’architecture à construire dans Kensington Gardens un bâtiment éphémère, avec un délai de conception et de livraison limité à six petits mois et un cahier des charges allégé. Un exercice de style auquel se sont déjà livrés Rem Koolhaas, Toyo Ito, l’agence Sanaa, Frank Gehry ou l’artiste Olafur Eliasson...

Serpentine Gallery Pavilion 2010

Le pavillon éphémère 2010 conçu par Jean Nouvel pour la Serpentine Gallery rend hommage à une couleur emblématique de Londres.
Avec ses grandes surfaces rouge flamboyant, il se sent de loin et se reconnaît comme un parfum familier : le dixième pavillon éphémère de la Serpentine Gallery à Londres est signé par l’architecte français Jean Nouvel. Lauréat en 2008 du prestigieux prix Pritzker, l’équivalent du Nobel en architecture, auteur du musée du Quai Branly ou de la future Philharmonie de Paris.

Au tour de Jean Nouvel

Serpentine Gallery Pavilion 2010

On s’était étonné de ce choix : l’un des critères de sélection pour être auteur du pavillon est de n’avoir jamais construit au Royaume-Uni. Or Nouvel a en chantier un immeuble de commerces et de bureaux dans le quartier de la City. Quant à l’expérimentation architecturale, dernière condition à remplir, on la cherche encore dans cette proposition sans réelle profondeur ni inventivité. Le Français en est pourtant un valeureux représentant comme le rappellent l’incisif théâtre de Belfort avec ses scarifications de façades, l’Institut du monde arabe à Paris et ses moucharabiehs d’acier et de verre ou le musée du Louvre d’Abou Dhabi avec son immense coupole de béton ciselée.

(c) Ateliers Jean Nouvel, photo Philippe Ruault
Serpentine Gallery Pavilion 2010

Car regardons-y de plus près : avec ses auvents rétractables, son auditorium modulable, ses lourdes charpentes métalliques, son mursignal oblique de douze mètres de haut, l’idée de l’architecte est de jouer sur les contrastes de couleurs et de matières : entre le totalement rouge de la construction et le vert des jardins, entre la légèreté du polycarbonate et du verre et la pesanteur des structures métalliques. De ce point de vue, c’est plutôt réussi et le pavillon ne laisse pas indifférent, bien que l’imposante et imposée couleur ne provoque pas forcément l’envie de séjourner dans l’ambiance hallucinogène qu’elle installe : rouge à s’enivrer, du caoutchouc de sol à la toile des vélums qui l’abritent en passant par le mobilier.

Univers flamboyant

Le visiteur est invité à entrer dans cet univers flamboyant en longeant la paroi rouge inclinée qui semble jaillir du sol. La partie principale, accueillant le bar, est totalement ouverte, structurée par une succession d’épais portiques supportant des auvents mécaniques et aussi des rideaux et des voiles plus légers, qui permettent de moduler ou clôturer l’espace. Les tables et les chaises sont rouges, ainsi que frigos, jeux d’échecs, tables de ping-pong, sofas et hamacs.

Serpentine Gallery Pavilion 2010

En bordure du pavillon, des parois miroirs accentuent les effets de réflexion de la lumière colorée. Concevoir un bâtiment à Londres était un sujet de prédilection pour Nouvel qui aime à utiliser le rouge. Ici la couleur est un hommage aux éléments urbains emblématiques de la ville : cabines téléphoniques, boîtes aux lettres et autobus, l’idée de l’architecte étant au final de proposer "une machine à capturer le soleil". Reste à espérer que le dispositif saura résister à la grisaille tout aussi typique que le rouge dans la métropole londonienne.

Serpentine Gallery Pavilion 2010 by Jean Nouvel from O Production Ltd. on Vimeo.

Ecouter Jean Nouvel présenter le pavillon (en anglais)

Serpentine Gallery Pavilion 2010 : Jean Nouvel Talk 12 July by donovan73

Serpentine Gallery Pavilion 2010
Jusqu’en octobre à Kensington Gardens, Londres
/// www.serpentinegallery.org

Sources : Sophie Trelcat - Les Inrocksweb

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