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Boltanski au Pavillon français

Du 4 juin au 27 novembre, Christian Boltanski représente la France à la 54e biennale de Venise. L’artiste donne un avant-goût de son installation...

Chance « Si mes parents n’avaient pas décidé de baiser à ce moment précis, souligne Christian Boltanski, je ne serai pas né ! » Ou bien il aurait été différent, mais certainement pas tel qu’il est aujourd’hui... En fin de compte, conclut-il, tout n’est peut-être qu’une histoire de chance ou de malchance – Chance étant le titre de l’œuvre qu’il présente à Venise. En partant de ce constat (fausse évidence ou vrai paradoxe ?), Boltanski met en place, sur trois salles, une installation qui ressemble et, en même temps, qui s’écarte des formes habituelles de son travail. Du point de vue de l’artiste, elle est une œuvre « novatrice » au regard de sa « forme », de sa mise en espace, tout en restant très attachée à quelques concepts clés – fils rouges de l’ensemble de son œuvre.

Hasard Pour reprendre l’image de la naissance fortuite du petit Boltanski, celui-ci a choisi de mettre en scène 5 000 photos de bébés polonais. Pourquoi des bébés ? Parce que ce sont des « pages blanches ». Reste à savoir si elles ont besoin d’être écrites ou non. Ensemble, ces photographies forment un long ruban de 30 cm de large qui parcourt un espace meublé d’échafaudages, « un labyrinthe » dans lequel le visiteur est pris. Ce tapis de photos défile trop vite pour distinguer les visages d’enfants... excepté lorsque l’« ordinateur aléatoire » s’arrête sur l’un d’eux, l’éclaire d’un rayon lumineux et le projette sur grand écran. C’est pour Christian Boltanski « un moyen de travailler sur le hasard ». Effectivement, un bébé est choisi parmi tant d’autres : mais, est-ce dû au hasard ou à la chance ? Misons sur le hasard... Dans la deuxième salle, deux compteurs se font face : l’un rapporte, en temps réel, le nombre des naissances, l’autre celui des morts. Si, dans cette pièce, le déséquilibre penche en faveur de la vie, la troisième salle offre quant à elle, via un écran vidéo « monumental », un défilé de « visages étranges », qui mêlent de façon accidentelle et aléatoire des « fragments de visages » : des enfants polonais et des adultes suisses. C’est un puzzle que le visiteur peut chercher à reconstruire avec, si il y parvient, une œuvre originale de l’artiste à la clé. Cette probabilité représente une chance sur 40 000… mais, à cela Boltanski répond qu’une œuvre devrait, en toute logique, être gagnée.

Ambition Si on lui demande s’il joue au casino, Christian Boltanski répond que non. A la différence du collectionneur David Walsh, à qui il a vendu sa vie en viager en janvier 2010. « C’est intéressant de côtoyer un personnage qui gagne tout le temps, admet-il. Mais, il est intelligent, cela n’a rien à voir avec la chance ». « Chance est une pièce philosophique » qui porte des questions existentielles chères à l’artiste. Pas sûr qu’elle apporte une réponse. En tout cas, Christian Boltanski ne semble pas avoir trouvé la sienne... Qu’importe : l’œuvre, installée au Pavillon français, laisse « le choix du hasard » – formule paradoxale à souhait – dicter sa loi.

Source : www.culture.fr - Le site Internet du Ministère de la Culture et Communication

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