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VAR : Attention, Sculptures en liberté !

L’été est la saison préférée des sculpteurs car avec le retour des beaux jours leurs œuvres fleurissent dans les jardins, les sentiers, en ville comme à la campagne.
Nos voisins varois semblent s’en être fait une spécialité. Petit guide pour bronzer artistiquement du rivage aux collines.

Botero à Saint-Tropez : C’est énorme !

On aura tout vu en matière de pin up à Saint-Tropez mais des femmes comme ça jamais ! Alors que le Musée de l’annonciade célèbre les filiformes égéries de Modigliani, Fernando Botero dévoile ses dames bien en chair (et en bronze) dans toute la ville. C’est sur une proposition de la Galerie Marlborough - qui l’an dernier avait déjà envoyé les œuvres de Manolo Valdès se faire voir de la place des lices au port - que les sculptures du célèbre artiste colombien prennent des vacances dans le village provençal que le monde entier nous envie. Ainsi après Florence, New York, Paris, Venise, Tokyo, Madrid et Berlin, la Ville de Saint-Tropez accueille du 26 juin au 31 octobre les nouvelles œuvres monumentales de Botero.

Man on a horse- Bronze de l’artiste Botero
Courtesy Galerie Marlborough Monaco

Cinq sculptures en bronze qui animent les lieux clés (place Grammont, place de la Garonne, quai Suffren et quai Jaurès.). Une étrange ambassade : deux créatures féminines, l’une debout, l’autre allongée qui s’impose dans leur nudité et leurs courbes voluptueuses ; un Cheval, sculpture robuste et majestueuse montrée pour la première fois ; l’Homme à cheval, clin d’œil à la tradition de la statue équestre et enfin un Sphinx au regard bienveillant, interprétation très libre de la mythologie.
Fernando Botero qui vit et travaille entre Paris, New York, Monaco et Pietrasanta a dès 1958 trouvé ce style qui confère chaleur et intimité au monumental. Il s’en explique : « Un jour, après avoir énormément travaillé, j’ai pris un crayon au hasard et j’ai dessiné une mandoline aux formes très amples comme je le faisais toujours. Mais au moment de dessiner le trou au milieu de l’instrument, je l’ai fait beaucoup plus petit et, soudain la mandoline a pris des proportions d’une monumentalité extraordinaire ».
C’est donc sur un air de guitare que tout est devenu opulent dans l’univers fantasmagorique de Botero. Ses personnages comme les objets qui les accompagnent s’y expriment à travers la dilatation des formes et la déformation des corps. Mais ne lui dites jamais que ses personnages sont gros : « Gros, mes personnages ? Non, ils ont du volume, c’est magique, c’est sensuel. Et c’est ça qui me passionne : retrouver le volume que la peinture contemporaine a complètement oublié ». Et pour cause, car l’œuvre de Botero repose sur une sensualité héritée de l’art précolombien et d’emprunts à l’histoire de l’art notamment à Ingres et à la mythologie grecque. La sculpture qu’il aborde à partir de 1973 affine cette quête plastique. L’artiste ne retient que des formes et lignes pures qui lui permettent de forcer le trait sans que les volumes ne perdent leur rythme vital. Un style qui lui a permis de son vivant d’être exposé de par le monde et d’intégrer les plus grandes collections et, à New York, deux place fortes : le Solomon R. Guggenheim Museum et The Metropolitan Museum of Art.

Gassin : Purs sangs et sculptures

C’est sur les hauteurs de St-Tropez, à Gassin que l’on retrouve nos sculptures en cavale dans un superbe haras plus habitué aux purs sangs.

Bruno Lucchi - Stelli

«  Les sentiers de la Sculpture » un concept initié par Corinne Schuler au Polo Club St-Tropez, c’est la bonne surprise de la saison ! Présidente de ce club très prisé, inscrit dans le circuit international de Polo mais aussi grande amatrice d’Art Contemporain, Corinne a souhaité ouvrir son espace privé aux visiteurs de la presqu’île en leur proposant un événement culturel autour de l’art contemporain. Confié au Directeur du Polo Club, Jean Dominique Gontrand et à Valérie Penven (Commissaire d’exposition), ce parcours tracé sur les 24 hectares du domaine offre jusqu’au 30 septembre un véritable musée en pleine nature !

L’idée directrice : créer un itinéraire de sculptures figuratives et abstraites évoluant du minimal vers le monumental en invitant une douzaine de créateurs confirmés dont la plupart ont un atelier en Riviera. Jacky Coville, Philippe Pastor, Bernard Reyboz, Marion Burkle, Tassou, Alain Boullet, Nicolas Lavarenne, Bruno Lucchi, Florence Jacquesson, Jean-Yves Lechevallier, Manser, Ali Ben Messaoud et Célia Gouveiac sont au générique de cette grande première. Des artistes d’origines, de générations et de pratiques différentes qui forment une pluralité de propositions, de l’installation plastique aux sculptures plus classiques. Des regards croisés et des matériaux très divers mis en œuvre (Céramique, bois, marbre, bronze, résine etc.) qui nourrissent le propos et permettront à tous de flâner en laissant son esprit passer de la rêverie à la réflexion. Invité d’honneur des « ?Sentiers de la sculpture ? » la Fondation Dali présentera en clin d’œil au lieu qui l’accueille une œuvre muséale du génie espagnol, « ?Le cheval sellé avec le temps ? ».

B Tree by Tassou

Haut var : Dans le jardin secret des collectionneurs

Mais le Var est aussi la patrie des collectionneurs privés. Bon nombres d’entre eux (souvent d’origine anglo-saxonne) ont élu domicile dans sa belle campagne sauvage pour y ouvrir leurs galeries et jardins d’art.

Oeuvre de l’artiste Dimma Poulsen
Courtesy Galerie Beddington Fine Art

C’est le cas de Guy et Michèle Beddington qui perpétuent ainsi une longue tradition familiale qui fait que depuis le XIXème siècle les Beddington sont peintres, galeristes, mécènes, experts, ou marchands d’art. Dès 1985 le couple organise des expositions itinérantes, en Angleterre, en Europe, en Provence et sur la Riviera, toujours dans des sites de caractère. C’est ainsi qu’ils commencent par partager leur temps entre Londres et le Haut Var, où ils restaurent un vieux mas du XVIIIème siècle. En 1998 Guy et Michèle, « las de leur vie citadine et de salons d’art trop mercantiles » quittent définitivement le brouillard de la City, pour s’installer à Bargemon au cœur d’une oliveraie non loin du village. Et en l’an 2000 les deux étages de cette « maison de maître » deviennent Beddington Fine Art, une galerie où le couple continue à assouvir sa passion à raison de 5 à 6 expositions par an. En 2008 toutes les restanques sont défrichées, les murs en pierres consolidés et sculptures, installations et céramiques commencent à investir le lieu. Cet été Beddington Fine Art 2010 fête son 10ème anniversaire à Bargemon en lançant officiellement l’ouverture de ses jardins sur rendez-vous.

Depuis le 12 juin une série d’imposantes sculptures d’ombres de Stefan Szczesny ont pris possession des jardins mais la galerie vous offre tout cet été sur RV un florilège d’œuvres autour de ses sculpteurs résidents ou fidèles. Parmi cette trentaine d’artistes : Pierre Theunissen, invité l’an dernier à Cannes par Frédéric Ballester (Directeur du Centre d’Art la Malmaison et fidèle de la galerie varoise), les étranges colonnes et monolithes de céramique de Michel Muraour, ancien élève de Josep Llorens Artigas qui collabora aux céramiques murales de Miró et à la création de l’atelier de la Galerie Maeght à St Paul ; les installations du brésilien Marcel Pinas, les empreintes fossilisées de Frédéric Lange, entre végétal et minéral, bois et bronze et les dernières créations de Etiyé Dimma Poulsen. Une artiste d’origine éthiopienne (vivant à Anvers) qui réinvente les « archétypes » d’un « art primitif » où transparait la nostalgie de sa terre natale (couleurs vives, craquelures).

Yes To Life de Celia Gouveiac

Autre bastion vert de l’art contemporain qui rivalise dans la campagne de Carcès avec les galeries citadines : le Jas de la Rimade, créé par Béatrice et Marcel Heinz en 1986, sur les fondations d’un ancien domaine templier. Depuis plus de 20 ans ce vieux mas et sa bergerie restaurés présentent les artistes de la galerie et toutes les facettes de l’art contemporain international lors d’invitations temporaires. Entre vignobles et pinède, un important jardin de sculptures s’est ouvert entre autres au travail monumental et statuaire de Nicolas Lavarenne, aux formes douces et énigmatiques, de Bernard Reyboz, (tous deux invités aux « Sentiers de la sculpture ») mais aussi aux sculptures de Marie Vermuth ou, Jean Marie Fondacaro qui expose ici depuis plus de dix ans. Plus modeste en taille La Galerie « The Orange Tree » est nichée elle sur les collines de Seillans, ce village où vécut Max Ernst (et qui abrite une partie de sa collection). Les artistes permanents sont Tessa Peskett (peinture) qui avec son mari Nigel Cox ont créé le lieu, et l’anglaise Lisa Lindqvist (sculpture). Deux artistes à découvrir cet été lors d’une exposition de groupe qui accueillera également à ciel ouvert les œuvres des sculpteurs Jean-Louis Corby et Peter van borssum waalkes (hollandais).

Oeuvre de l’artiste Lechevallier - Red Love

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