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Aix-en-Provence : Exposition photographique "eaux précieuses - eaux sauvages"

L’exposition "eaux précieuses eaux sauvages" se tiendra du 10 février au 9 avril prochain, à la galerie d’art d’Aix-en-Provence.

L’année 2012 est l’année de l’eau. Un important colloque et de nombreuses rencontres sur cette thématique auront lieu sur le territoire des Bouches-du-Rhône. Dans ce cadre, la collectivité a souhaité que ses principaux lieux d’exposition proposent un temps dédié à cet élément.

Dans le même esprit que l’exposition sur le cirque « Parade », il a été demandé à Agnès de Gouvion Saint-Cyr, spécialiste de la création photographique et commissaire de l’exposition, de donner à voir plusieurs époques et divers traitements de cet élément par les yeux des plus grands photographes.

La galerie d’art d’Aix-en-Provence accueille donc du 10 février au 9 avril les œuvres de grands génies de la photographie tel que Robert Doisneau, Henri Cartier-Bresson, Man Ray, Yann Arthus-Bertrand ou encore Brassaï. A travers leurs regards, l’eau coule, dessine des paysages urbains, se déchaîne en milliers de cascades, capture le temps, absorbe le regard d’un enfant et compose la tristesse d’une femme.

© DR

Indispensable à notre condition d’être humain mais trop souvent imprévisible dans son absence ou sa surabondance, l’eau, principe vital essentiel pour notre planète, dans ses aspects liquide, solide ou gazeux a fasciné non seulement l’homme, qu’il soit poète, flâneur, marin, aviateur ou
scientifique, mais aussi l’artiste qui s’est abîmé dans sa contemplation. Dès lors nous ne cessons de l’observer, de l’analyser, de l’attendre, de la craindre ou de l’admirer. Très vite, l’eau, mais aussi la mer, les nuages ou la montagne enneigée sont devenus des thèmes récurrents dans la représentation du paysage en photographie en raison notamment de la poésie qui s’en dégageait, mais aussi pour répondre au désir d’un ailleurs que suggéraient les scènes de
marine ou la description des nuages. Toutefois la lenteur des films utilisés pendant la plus grande partie du XIXème siècle et donc les longs temps de pose qui en découlaient ne permettaient pas d’interpréter le mouvement de la mer ou celui des nuages, contraignant les photographes à "gommer" de leurs images l’impression de flou ainsi produite dans l’espace du ciel et celui décrit par les vagues, avant de repeindre le négatif avec des rehauts de peinture.
Puis, lorsque les progrès de la technique le leur ont permis, les artistes ont décrit l’eau dans tous ses états : l’eau qui donne vie, telles ces gouttes de rosée sur les capucines qu’offre Brassaï, l’eau qui s’écoule de notre corps pour souligner notre vulnérabilité comme le suggèrent les larmes de Man Ray, mais aussi l’eau bienveillante qu’utilise l’enfant de Doisneau sous la pomme d’arrosoir.

Depuis longtemps, architectes et urbanistes ont pris conscience de la nécessité de guider l’eau dans son parcours au travers de la cité, Brassaï s’émerveille du dessin que proposent les pavés, alors que Doisneau nous attendrit avec l’enfant penché sur le caniveau en crue ou avec ses camarades qui la recueillent serpentant rue Villin. Obstacles naturels qui segmentent la rue, les flaques d’eau obligent les citadins, qu’il s’agisse du passant derrière la gare Saint Lazare d’Henri Cartier-Bresson ou des Parisiens de Brassaï et de Sabine Weiss, à exécuter d’étranges sauts afin de leur échapper. Puis, lorsque l’eau ruisselle le long des vitres, de fantomatiques silhouettes décrites par Izis ou Sabine Weiss se glissent devant les vitrines de la ville.

© DR

Les photographes contemporains se sont intéressés à une représentation plus picturale de l’eau, travaillant sur les limites entre la terre et la mer, tel Elger Esser dont les espaces marins se perdent jusqu’à l’infini avant de faire surgir la pointe d’un rocher, ou Véronique Ellena qui, dans la Valleuse d’Antifer, reprend le cadrage audacieux des Falaises de Varengeville de Claude Monet.
Sugimoto dans ses Marines ou Robert Adams avec Time Passes préfère fondre la mer dans l’éther. Et lorsque Véronique Ellena, dans le Pas des Ondes, scande le reflet des arbres sur la surface lisse du lac ou que Luigi Ghirri décline les tons pastel pour décrire un jardin de Versailles au dessin d’une grande pureté, ils mettent en exergue le thème des eaux paisibles. En revanche la même Véronique Ellena va souligner la puissance, voire la violence des flots qui se fracassent sur le rivage à Sète ou creusent le flanc de la montagne dans la Cascade à Confolens tandis que Yann Arthus-Bertrand compose une ode désespérée avec ces blocs de glace disloqués en Arctique.

Les propositions de Patrick Tosani, qui semblent au premier abord plus ludiques, s’avèrent en fait tout aussi dramatiques. Ainsi, le plongeur est-il saisi en pleine action dans un moment de plaisir avant de se retrouver immobilisé, prisonnier de cette eau gelée puis soumis à la lente fonte de la 9 glace, dans un temps incertain, avant de retrouver la liberté. De même, associant l’image à l’idée,
va-t-il représenter la violence avec laquelle la pluie peut frapper la terre et violenter l’homme, comme s’il "pleuvait des cordes" qui dessinent des figures géométriques.

Enfin, la vidéo de Douglas Gordon s’inscrit comme une vanité dans cet ensemble d’œuvres où l’eau balance et hésite entre beauté et sauvagerie.

Galerie d’Art du Conseil général des Bouches du Rhône - 21 bis, cours Mirabeau - 13100 Aix-en-Provence - Tél : 04.13.31.50.70

Ouvert tous les jours (sauf le lundi) : 9h30-13h / 14h-18h

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