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Camille Cottin a ’Rendez-vous’ à Anthéa

Après de nombreux films dans le monde entier, Camille Cottin revient enfin sur scène avec « Le rendez-vous », l’adaptation théâtrale d’un roman qui a obtenu un grand succès tant aux États-Unis qu’en Europe : « Jewish Cock « de Katharina Volckmer, traduit en français par Pierre Demarty.

La pièce, comme le livre, est un seul monologue d’une femme d’origine allemande ayant grandi juste après la Shoah et qui a depuis émigré en Angleterre. Elle a pris ce rendez-vous chez un gynécologue auquel elle s’adresse avec le désir d’une greffe d’un pénis circoncis. On ne verra pas le gynécologue dont on entend 2 ou 3 fois la voix.
Ainsi c’est un monologue que nous livre Camille Cottin, qui s’est approprié le livre en l’énonçant totalement ce qui est un exploit.

Cette actrice, trop rare au théâtre, dit fort bien ce texte qui navigue entre réalité et fiction, car ses fantasmes sont au premier plan

©DR

Mais il n’est pas certain qu’elle ait réussi à en donner toute la saveur choquante et même parfois scandaleuse. Avec ses origines allemandes, beaucoup des fantasmes de son personnage tournent autour de Hitler et aussi de sa difficulté à atteindre l’orgasme sans faire le salut nazi. La nuit dernière, elle a rêvé qu’elle était le Führer faisant ses discours qui enflammaient les foules. Et elle s’estime heureuse de ne pas avoir été internée dans un asile « pour avoir inventé des petits noms à la bite du Führer ».
Le livre est adapté pour la scène par Camille Cottin elle–même et Jonathan Capdevielle qui signe aussi la mise en scène. Il n’est pas certain qu’ils aient réussi à en donner toute la saveur grinçante et consternante sinon choquante. Ainsi l’héroïne va dans les toilettes pour hommes « faire des pipes » à des inconnus. Elle est tellement démunie à cause du passé nazi de son pays qu’elle cherche à s’humilier par tous les moyens.

Tout est énoncé avec naturel par Camille Cottin, et c’est bravo, mille bravos  ! Mais quelque chose reste en-deça du personnage, comme si elle en était absente, récitant seulement le texte tout en s’agitant beaucoup. Cette femme se définit comme « un chat qui aboie » pour exprimer sa marginalité et son refus d’entrer dans le rang. Le décor envahit l’actrice qui s’y perd en s’y empêtrant pour jouer avec lui. Ainsi n’arrive-t-elle pas à trouver la subtilité de ton qu’il aurait fallu pour ce personnage hors norme.
Caroline Boudet-Lefort

Dernière représentation ce soir

jeudi 6 mars 2025 à 20h

Photo de une ©DR

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