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Cannes : Une histoire d’amour, d’Alexis Michalik

Bien qu’il n’ait pas encore atteint la quarantaine, Alexis Michalik est actuellement l’auteur à succès le plus en vogue, comme il l’a prouvé en faisant salle comble avec les cinq pièces qu’il a déjà écrites et mises en scènes : « Le Porteur d’Histoire » (2013), « Le Cercle des illusionnistes » (2014), « Edmond » (2016), « Intra muros » (2017) et « Une histoire d’amour » (2020). Avec 5 Molières, il s’est imposé comme un prodige du théâtre français.

Fort applaudie par un public attaché à découvrir ce dramaturge à la renommée fracassante, « Une histoire d’amour » a été présentée au Palais des Festivals de Cannes.

Dans cette pièce, Alexis Michalik a tenté d’écrire quelque chose de nouveau sur l’amour, aussi le sujet est-il empreint de sujets de société actuels, avec des personnages en quête d’amour, trimballant des blessures qu’ils ne parviennent pas à cicatriser.

Lors d’une rencontre foudroyante, Justine et Katia tombent amoureuses l’une de l’autre et, leur relation s’inscrivant dans la durée, elles décident d’avoir un enfant par insémination artificielle. Mais, alors que Katia est prête d’accoucher, Justine disparaît... Douze ans plus tard, condamnée par un cancer foudroyant, Katia ne sait à qui confier sa fille Jeanne. Comme famille, elle n’a qu’un frère, un écrivain blessé par la vie et qu’elle a perdu de vue depuis cinq ans. Devenu alcoolique, il refuse toutes les contraintes qu’impliquerait d’avoir la responsabilité de sa nièce...

Certes les personnages sont quelque peu stéréotypés pour nous mener directement à un dénouement prévisible, mais le spectateur passe un agréable moment à voir cette pièce divertissante qui peut plaire à tous les publics, ce qui est une réussite !

Cette « histoire d’amour » impliquant de multiples changements de lieux semble davantage appropriée à un scénario qu’à une pièce de théâtre et il est à supposer qu’une adaptation cinématographique ne saurait tarder. Sur scène, les nombreux croisements entre les personnages nécessitent de donner l’illusion de déplacements et de situations diversifiées. Cette illusion est fournie par des simulations de gestes (sonner à une porte, conduire une voiture, ...) ou par des changements à vue d’une multitude d’éléments de décor déplacés astucieusement comme une chorégraphie impeccablement mise au point. Tout le monde s’y colle : comédiens et machinistes.

Les interprètes sont tous parfaits, avec une mention spéciale à la toute jeune comédienne dans le rôle de Jeanne. Cette gamine est étonnante : elle joue avec justesse et en plus elle a une belle voix quand elle chante.

Le rythme est l’obsession d’Alexis Michalik, très sensible à la cadence accélérée d’un spectacle afin que personne ne souffre d’un instant d’ennui. Lui-même, en tant que spectateur, déteste s’il ne se passe rien...
Aussi prouve-t-il parfaitement que le théâtre est un « spectacle vivant ». Bien vivant !

Caroline Boudet-Lefort

Distribution

Distribution : Clément Aubert, Pauline Bression, Juliette Delacroix, Marie-Camille Soyer
Et en alternance : Distribution en Cours dont Lior Chabbat Et Léontine D’oncieu

Mise en scène : Alexis Michalik
Assistantes à la mise en scène : Ysmahane Yaqini, assistée de Clémentine Aussourd
Chorégraphie : Fauve hautot
Son : Pierre-Antoine Durand
Lumière : Arnaud Jung
Décors : Juliette Azzopardi
Costumes : Marion Rebmann, assistée de Violaine de Maupeou
Vidéo : Mathias Delfau
Perruques : Julie Poulain
Régie plateau : Laurent Machefert assisté de Paul Clément-Larosière
Texte paru aux éditions Albin Michel

Photo de Une : © François Fonty

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