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MARSEILLE-PROVENCE 2013 : ça rame !

L’œil du cyclone s’est abattu sur la cité phocéenne : calme plat en intérieur, Marseille roucoule, et turbulences en extérieur, la périphérie et la banlieue s’agitent. Cependant tout n’est qu’apparence.

Marseille sera encore et toujours marqué par la culture du "gun", des opiacés et du règlement de compte mafieux, selon les dires de certains locaux un rien désabusé et rigolard. Faudrait-il être naïf pour croire que 600 M€, dont 40% provenant de la ville, cautériseraient un passé plus que sulfureux ? Non, si l’on considère que la culture est un excellent cataplasme contre l’ignorance, et oui au regard de l’augmentation de la grande et petite délinquance vampirisant le quotidien de l’autochtone. Le fossé abyssal entre la population et l’administration est loin d’être un leurre. "Du vent, rien que du vent, au moins avec le mistral on sait à quoi s’en tenir" entonne un brin jovial un client affalé au zinc d’un bistroquet à deux pas de la Vieille charité où nous venons de faire une halte avec une consoeur travaillant pour un grand hebdo parisien. Une voix discordante avoue sans honte que "si c’est bon pour le touriste, c’est bon pour Marseille. On ne peut pas cracher dessus." Mais pour beaucoup d’intellectuels comme la romancière auteur de Massalia Blues "le programme est vidé de toute substance marseillaise. L’activité culturelle locale comme le hip hop est réduite à une peau de chagrin." Constat tout aussi cinglant avec Akhenaton, leader de l’emblématique groupe de rap marseillais IAM, "une programmation ultra chic pour un public snob provincial en laissant de côté toute la culture populaire liée à cette ville. Elle a bien su nous trouver lorsqu’il s’agissait de faire acte de candidature."

© Harry Kampianne

Marseille new look
La cité phocéenne estime toutefois le montant des recettes à un milliard d’euros en fin d’année. Une telle cagnotte devrait-elle pour autant garantir une refonte intégrale de son look ? N’est pas Bilbao (avec le Guggenheim), Lille (avec ses gigantesques événements à thèmes), Metz (le Centre Pompidou) ou Lens (Le Louvre…bien qu’il soit encore trop tôt pour se prononcer au niveau des retombées) qui veut ! Marseille véhicule une image à double facette. Certains y verront une plaque tournante pour vice de tout genre, d’autres une escale plutôt joviale si l’on sait y résider et ne pas tenir compte de l’insalubrité de certains quartiers. Terre de voyous ou d’argent "sale", Marseille a ses codes, son langage, son soleil malgré la pauvreté des quartiers nord de la ville. Est-ce que les 500 expositions, événements, concerts répartis sur tout un territoire, car il ne s’agit pas d’une simple métropole comme ce fût le cas pour Lille, sauront mettre en confiance les 10 millions de visiteurs attendus sur l’année et surtout dévoiler une nouvelle facette de cette ville rebelle où souffle encore un filet d’aventure ? C’est tout le mal qu’on peut lui souhaiter.

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