Exposition des dessins et de livres d’Alain Lestié
Alain Lestié et les écrivains : Michel Deguy, Alain Freixe, Gérard Granel, François Laur, Raphaël Monticelli, Dominique Weber.
Ses œuvres sont le résultat de trente ans de dessins accumulés et scannés sur son ordi. De cette masse, il extrait des dessins qu’il découpe, recompose, transforme, reconstruit jusqu’à ne plus savoir ce qu’ils représentent. Il choisit ensuite une composition qu’il nous présente… À nous d’y trouver un sens, s’il y a quelque chose à voir ou à savoir…
Nombre d’écrivains se sont forcément intéressés à cet artiste dont les œuvres dégagent une poésie sensible et nombre d’interrogations. À voir bien sûr les livres présentés à la Galerie de Laure Matarasso.
Depuis que je connais ses peintures dessinées, j’y vois dans chacune quelque chose comme l’image arrêtée d’un film, celle qu’on voit sur les cimaises des cinémas, choisies par le réalisateur ou la production pour promouvoir le film. Cette image doit être assez dense pour le représenter, nous interroger et nous donner envie d’aller le voir.
Les films d’Alain Lestié n’existent pas mais c’est l’imagination de chacun qui les crée à partir de ses dessins. Alors, j’en choisis un (on pourrait le faire avec chacun de ses dessins) et je laisse mon cerveau me raconter une histoire.
Dans cette œuvre, en bas, une photo où un dessin posé ou collé sur une surface presque noire avec, à gauche, un trait, comme une découpe ou un coup de cutter à la Fontana.
On y voit trois arbres (très bien dessinés) dans une brume épaisse qui nous empêche de deviner si on est dans une forêt ou si ces arbres sont isolés, dominant un paysage qui s’étendraient sous leurs pieds. Le ciel est bizarre. Dans cette brume nuageuse on croit voir une vague forme de tête penchée avec deux yeux.
Au-dessus de ce premier plan, deux autres surfaces verticales séparées par une barre noire un peu estompée au centre.
Le plan de gauche est un joli dessin d’herbes folles qui semblent flotter dans l’air à moins qu’elles ne reposent sur un sol terreux. À droite, un plan, dessiné manuellement, avec des cercles, des lignes qui se croisent, une ligne de petits points avec une croix indiquant peut-être un lieu de départ puisqu’une flèche indique un sens. Ce n’est pas vraiment un plan de circulation, ni un dessin astronomique… Difficile de savoir ce qu’il représente.
Enfin, tout en haut, le dessin d’un demi-cercle représenté comme un soleil qui chapoterait les deux plans qu’il domine.
Ce demi-cercle est rempli de matière légère estompée plutôt blanche entouré d’un autre demi-cercle qui lui lui fait comme une aura renforçant l’idée de soleil sur fond noir.
L’ensemble est comme un rébus trop incomplet pour qu’on puisse trouver une signification évidente. Un mélange de nature et de géométrie : les arbres les herbes d’un côté, des formes géométriques de l’autre. La nature est-elle géométrisable ? On est renvoyé à Cézanne qui a décidé que oui, ouvrant du coup la voie au Cubisme.
Dans son dessin, Alain Lestié semble laisser sa réponse en suspend… Cette œuvre intitulée « Chemin faisant » indique peut-être le propre cheminement de l’artiste qui finalement n’a pas choisi, utilisant les deux approches pour rendre compte de la, de sa réalité.
Celle-ci, plus facile à interpréter d’autant que le titre est assez parlant.
Exposition du 17 mars au 1er avril Librairie-Galerie Matarasso - 46 boulevard Risso à Nice
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