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Fin de cet événement Octobre 2018 - Date du 1er octobre 2018 au 31 octobre 2018

Botanistes au Sommet, à découvrir à la BMVR de Nice

Risso, Barlat, Montolivo, Bicknell, Vallot, Cessole : autant de noms qui nous sont familiers. Ils désignent des cimes du Mercantour ou des rues de Nice. Mais que sait-on du rôle de ces personnages dans la découverte de la biodiversité de nos montagnes ? Nous devons à Jean-Félix Giandoli et Olivier Gerrier, les deux commissaires de l’installation « Botanistes au Sommet » présentée jusqu’au 31 octobre à la BMVR de Nice, d’approcher au plus près le travail de ces alpinistes-botanistes du XIXème siècle qui entretenaient une savante philosophie de la montagne. Ils furent les premiers moteurs de la sensibilisation à sa protection de la nature.

Pour cette expo, les deux chevilles ouvrières des Amis du Muséum d’Histoire Naturelle de Nice se sont plongé dans les archives, parcourant les chroniques annuelles du Club Alpin Français, mettant à jour l’histoire de ces personnages qu’on voit poser en haute montagne, en veston et piolet à la main. Une toute autre réalité que de les « simples promeneurs » passant leurs « heures enfermés dans leurs cabinets à étudier les plantes » selon une description fantaisiste retrouvée dans les archives !


Ils explorent les sommets de 3 000 mètres, ce qui équivalait à l’époque à une aventure de dimension quasiment himalayesque.

Ces « héritiers des lumières » dressent l’inventaire des espèces végétales du massif du Mercantour.

Ils composent des herbiers. Des héros, joignant à leurs exploits sportifs une curiosité scientifique qu’ils partageaient avec leurs contemporains par des publications dans la revue du Club Alpin Français et par des conférences.
Ils étaient aristocrates, industriels, commerçants, pharmaciens, ingénieurs, curés, militaires. Souvent riches, toujours cultivés. Ils employaient leur temps libre à une œuvre pleine de sens. A 80 ans, Emile Burlat gravissait encore 1 400 mètres de dénivelé comme il l’avait fait toute sa vie.
« Je savais qu’il existait une cime Montolivo. En cherchant un peu, j’ai découvert un herbier Montolivo composé entre 1809 et 1880 ». Jean-Félix Giandoli souligne que, célèbre pour ses chroniques rédigées dans la revue du CAF, cet explorateur ayant marqué son époque au point de donner son nom à un sommet, l’était moins pour ses compétences de botaniste. Victor de Cessole, venu à la montagne sur les conseils de son médecin, est quant à lui devenu un véritable alpiniste. Nous devons sans doute à ce passionné de botanique le premier arrêté préfectoral de protection de la flore alpine, signé le 28juin 1904.

Cette exposition est un émouvant témoignage rendu à ces hommes exceptionnels qui laissent derrière eux des documents, des herbiers, des aquarelles originales qui sont les fidèles reproductions de champignons ou de plantes.

Leur message est une sorte d’injonction à la connaissance.

La devise de Victor de Cessole : « Voir les plantes c’est les aimer, les aimer c’est vouloir les protéger » est celle de tout botaniste. Elle devrait aussi être celle de tout alpiniste ou de simple promeneur qui se respecte et respecte la nature…
Annick Chevalier

Les artistes et les scientifiques travaillaient main dans la main, une aquarelle présentait un intérêt scientifiques, sa fonction était didactique et éducative, fidèles reconstitutions de champignons en plâtre, ou herbiers constituaient de vrais supports de recherche en l’absence de la photographie, de la télévision, de la toile ou de youtube, l’herbier était la référence absolue en botanique pour la nécessaire identification des organismes vivants, et il l’est toujours.

Le Muséum d’Histoire Naturelle de Nice conserve les témoignages de cette époque où le Comté de Nice attirait des naturalistes et botanistes de toute l’Europe bien avant le XIX siècle. Un temps il a failli disparaître au profit un parking, une levée de boucliers a permis sa sauvegarde. Animé par l’association des Amis du Muséum d’Histoire naturelle de Nice présidée par Jean-Félix Giandoli, il remplit toujours sa fonction d’alimenter les connaissances des scientifiques et augmenter le sensibilité du public à la vie végétale, un domaine qui subit actuellement une alarmante érosion, dont les effets auront des répercussions importantes sur notre bien être.

Toutes photos de l’article DR A.C

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