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’Monet en pleine lumière’ à Monaco : une visite intimiste sublimée par la scénographie

Quelle belle exposition estivale au Forum Grimaldi ! On en est sorti serein, tranquille, ébloui. Un bel ensemble d’œuvres admirablement présenté.

Ici tout avait été pensé pour la contemplation des superbes peintures de Monet qui méritaient largement cette intelligente et très réussie scénographie

La lumière tamisée par endroits mettait en valeur les œuvres, certaines salles toutes arrondies permettaient une circulation dans tous les sens particulièrement fluide malgré la forte fréquentation… Rien à voir avec les couloirs étroit où l’on se bouscule pour voir des œuvres mal éclairées.
La scénographie prenait soin du visiteur, de petits canapés bleus l’accueillaient pour contempler les œuvres et écouter des citations de Monet interprétées par un acteur dont la voix discrète, sortait du mur.
Les peintures elles-mêmes ont été parfaitement choisies, organisées par séquences où l’on pouvait voir plusieurs peintures très proches du même motif, bien que souvent réalisées à des périodes différentes, la vision d’ensembles ayant été préférée à la stricte chronologie.

Antibes, le fort - Claude Monet - ©photo A.A

Et pour les habitants de notre région, le clou de l’exposition : les œuvres réalisées à Monte-Carlo, Roquebrune, Antibes, Bordighera, Dolce Acqua. Monet s’est plu à y venir plusieurs fois.

À l’entrée de cette séquence, une salle aux murs couverts d’immenses photos de son hôtel de Bordighera et de tous les lieux qu’il a fréquentés. Une carte interactive nous permettait de retrouver tous les endroits où il a posé son chevalet.
Forts de cette connaissance, nous pouvions admirer ses peintures ouatées aux couleurs douces où le paysage est à la fois indiscernable et pourtant reconnaissable.

Monet peint des instants, pas des paysages…

Ce qui l’intéresse, ce n’est pas de copier ou de re-présenter la réalité mais de faire sentir l’air, l’atmosphère qui se dégagent de ses œuvres à un instant qu’il rend infini. On est au delà du visuel pour atteindre un sensible bien plus large. Les fleurs, les branches, les herbes, les eaux ne sont que touches de peintures qui se mêlent et s’entremêlent dans nos yeux pour nous fasciner et nous faire éprouver des émotions rares.

Claude Monet Seine près de Giverny ©Photo A.A

Ces peintures aux formats classiques nous menaient vers ses immenses et imposants chefs d’œuvres où il nous immergeait dans des eaux peuplées de nymphéas aux reflets chatoyants, oniriques et reposants.
Une salle de projection à la fin du parcours nous rappelait que les plus belles œuvres de Monet ont été réalisées pendant les pires épisodes de la fin de la guerre 14-18 (dans laquelle son fils et son beau-fils étaient engagés).
Ces œuvres sont en fait la réponse humaniste et poétique face à la barbarie humaine.
À la fin de la guerre, il proposera de les offrir à la France par l’intermédiaire de son ami Clemenceau qui fera bâtir pour ses Nymphéas les fantastiques salles courbées de l’Orangerie, un trésor de l’humanité.

Une scénographie parfaite pensée pour une visite optimale de l’exposition. ©A.A

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