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AGIT PRO : Maurizio Cattelan… sans "foi" ni "loi" ?

Vu comme un pitre en chef de l’art contemporain par un bon nombre d’institutionnels et de critiques bien en place, l’artiste milanais Maurizio Cattelan, récidiviste pur souche en matière d’agit pro, nous refait le coup du sale garnement fier de sa mauvaise blague de potache diront certains, et vu de façon ignoble pour les croisés de la "pensée modèle".

Sujet du délit ? Sa sculpture Him représentant un Hitler haut comme trois scoubidous à genoux en train de prier sous un porche de l’ancien ghetto juif de Varsovie à proximité du Château Ujadowski, dans lequel sont également présentées six autres œuvres majeures du trublion.

"HIM" DANS LE GHETTO JUIF DE VARSOVIE

La bronca s’est mise à enfler depuis peu alors que l’exposition a débuté le 15 novembre dernier, d’autant plus que l’œuvre controversée date de 2001, deux ans après avoir attiré l’attention avec La Nona Ora, cette fameuse sculpture qui représente une effigie, en cire et grandeur nature, du défunt pape Jean-Paul II terrassé par une météorite. Pour le Simon Wiesenthal Center, association de défense des droits des juifs, le scandale ne porte pas sur l’œuvre elle-même mais sur le contexte de son installation. Un emplacement vécu comme « une provocation insensée qui insulte la mémoire des victimes juives des nazis  » (The Guardian). Paradoxalement le grand rabbin de Pologne, Michael Schudrich, s’est posé en défenseur après avoir pris part à la mise en place de l’oeuvre, « j’ai eu le sentiment qu’elle pouvait avoir un aspect éducatif […] l’art peut nous forcer à confronter le mal qui existe dans ce monde. » (The Guardian).

"HIM"


L’art de la posture...ou de l’imposture
Ce goût de la polémique fait partie intégrante du personnage. On aime ou on déteste. Peu importe ! Du moment que l’on parle de lui avec ferveur. C’est une sorte de poulbot ragazzo tombé dans la marmite de l’art contemporain un peu par hasard…mais pas trop si l’on considère le paradoxe du comédien, sans vouloir faire offense à Diderot, qu’est Maurizio Cattelan à lui tout seul, c’est-à-dire à la fois anxieux et armé d’un humour décapant, timide tout en se cachant derrière des cabrioles douteuses, immature au niveau de la communication tout en transformant ce manque en bouclier de parade rebellocrate qu’il manie avec brio. Si proche du doute et de la confrontation, il en fait ses matériaux qu’il insère au mieux dans ses provocations, et au pire dans un double langage oscillant entre posture et imposture. L’artiste devient œuvre et l’homme se métamorphose en lutin manipulateur. Lui qui souhaite se faire passer sans en avoir l’air pour un artiste en marge du marché de l’Art, n’est qu’en fait un acteur majeur profitant des largesses du système en jouant par exemple au commissaire lors de la biennale de Berlin. Alors poil à gratter de l’art contemporain, agent provocateur, profiteur de haute voltige, cynique de bas étage ? Maurizio Cattelan se verrait bien un jour prendre sa retraite et devenir fleuriste.

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