Au moment où le film sortait sur les écrans italiens, il y a eut l’assassinat d’une jeune femme par son mari.
Le retentissement de ce féminicide a fait de la publicité au film en imposant, dans le débat public, la question des violences faites aux femmes.
Ainsi « Il reste encore demain » a attiré un immense public, devenant un phénomène national sur la violence misogyne et sa normalité dans le quotidien.
Ce premier long-métrage de Paola Cortellesi - l’une des actrices les plus populaires d’Italie -, est filmé de façon très stylisée dans un noir et blanc crasseux, comme pour revenir au cinéma de l’époque d’après-guerre où il se situe (des soldats américains libérateurs hantent encore les rues). Si les personnages sont, certes, caricaturaux, ils n’en sont pas moins attachants.
Quant arrive le générique sur l’écran, la femme a déjà reçu des baffes de son mari et eut à faire aux mains baladeuses de son vieux beau-père pourtant alité. Elle vit un quotidien très ritualisé et on la voit courir d’un petit boulot à un autre pour se faire un pécule minable qui cependant met du « beurre dans les épinards » (comme on dit).
Elle subit sa condition sans la remettre en question, simplement résignée. Et elle l’est tout autant quand son mari la tabasse, selon ses habitudes : violence misogyne banalisée, et acceptée par toute la société. On voit les voisines soupirer en commentant ce comportement rituel et donc banalisé.
Ce n’est pas une héroïne, c’est une femme ordinaire qui se trouve avoir à faire avec la violence misogyne dans sa normalité et sa quotidienneté. Paola interprète elle-même ce personnage attachant qui fait face à un mari fort banal et qui maintient un modèle commun !
Certes, très démonstratif, ce film n’en est pourtant pas moins réussi et remarquable !
Caroline Boudet-Lefort