21 films sont programmés
Pour cette année, une sélection "sous forme de renouvellement" a annoncé Thierry Frémaux, délégué général du Festival.
De nombreuses rumeurs circulaient annonçant la venue de Jacques Audiard, Xavier Dolan, Olivier Assayas, Terrence Malick, Brian de Palma et autres, mais pas d’habitués en compétition et rares sont les réalisateurs connus. Citons Spike Lee : pas venu depuis 27 ans, il présente BlacKkKlansman, dont la sortie est prévue pour le premier anniversaire des violences de Charlottesville. Stéphane Brizé avec En guerre, un film social à nouveau interprété par Vincent Lindon (prix d’interprétation masculine en 2015 pour "La Loi du marché"). Christophe Honoré avec Plaire, aimer et courir vite, sur les ravages du sida pour les gays en 1990.
- © Georges Pierre
Rarement sélectionné en compétition, Jean-Luc Godard dont l’essai expérimental Le livre d’image sera présenté, mais lui viendra-t-il ? Deux autres réalisateurs sélectionnés dont la présence est incertaine : l’Iranien Jafar Panahi avec Three Faces et le Russe Kirill Serebrennikov avec Leto (L’été). Tous deux sont assignés en résidence dans leur pays, aussi une demande a-t-elle été faite à Téhéran et au Kremlin pour permettre leur venue à Cannes afin de présenter leurs films.
Cette année, peu de paillettes et de stars pour le fameux tapis rouge, cependant le film d’ouverture devrait combler les badauds. Todos lo Saben de l’Iranien Asghar Farhadi (La Séparation, Le Passé), tourné en Espagne avec Penelope Cruz et Javier Bardem qui monteront les fameuses marches.
En compétition, trois femmes : la Française Eva Husson, réalisatrice de "Bang Gang" (2016), présente Les filles du soleil avec Golshifteh Farahani et
Emmanuelle Bercot en combattantes au Kurdistan. La Libanaise Nadine Labaki raconte dans Capharnaüm une histoire d’enfant en révolte contre l’éducation donnée par ses parents. Enfin, après nous avoir émerveillé dans "Les Merveilles", l’Italienne Alice Rohrwacher revient avec Lazzaro Felice où Sergi Lopez joue un "simple d’esprit ". Italien aussi, Matteo Garrone présente Dogman qui se déroule dans la banlieue de Rome. Le Polonais Pavel Pawlikowski a filmé Guerre froide en noir et blanc comme son inoubliable "Ida". Signé A B Shawky, Yomeddine, le road movie d’un lépreux en Egypte. David Robert Mitchell, dont le film "It follows" avait fait sensation en 2014 à la Semaine de la Critique, grimpe en compétition avec Under the Silver Lake, un thriller-pop avec Adam Driver et Topher Grace.
Le Coréen Lee Chang–dong, dont nous n’avons pas oublié "Poetry" (2010),
revient, après un long silence, avec Burning. Le Chinois Jia Zhang-ke met en scène dix ans de la vie d’une femme dans Ash is Purest White. Pour le Japon, Hirokazu Kore-eda, cinéaste prolixe habitué de la Croisette, a réalisé Shoplifters et Ryusuke Hamaguchi signe son premier long-métrage Netemo
Sametemo.
À ces 18 films d’abord programmés, trois autres sont venus s’ajouter une semaine plus tard : Un couteau dans le coeur du très excitant Antibois Yann Gonzalez (avec Vanessa Paradis), Ayka du Russe Sergey Dvortsevoy, et Le Poirier sauvage du Turc Nuri Bilge Ceylan, déjà palmé d’or il y a quatre ans pour "Winter Sleep".
Cette année retour à un film de prestige pour la cérémonie de clôture (à moins que...), le Britannique Terry Gillian présentera The Man who killed Don Quixotte, avec une belle brochette de stars. De plus, le Festival cesse de bouder Lars Von Trier en sélectionnant hors compétition The House that Jack Built.
Quelques remous : Interdictions de selfies qui retardent la montée des marches, bouleversement du calendrier des projections (surtout pour la presse), expulsion de Netflix qui refuse de sortir ses films en salles.
La section Un Certain Regard regorge aussi de cinéastes inconnus, seuls noms qui font tilt : la comédienne italienne Valeria Golino qui avait déjà présenté "Miele" en tant que réalisatrice, et le Chinois Bi Gan. Son compatriote Wang Bing sera en "séance spéciale" avec Les Âmes mortes sur les camps de rééducation au temps de la Révolution Culturelle. Le film dure plus de huit heures ! La sélection semble faire la part belle aux films à sujets politiques, mais Thierry Frémaux annonce que le thème de l’année pourrait être les nouveaux rapports hommes/femmes.
Attendons de voir et laissons nous surprendre par cette sélection fort intrigante !
Caroline Boudet-Lefort
