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Fin de cet événement Janvier 2015 - Date du 18 décembre 2014 au 15 janvier 2015

Shit and Die

Alain Amiel vous invite cette semaine à découvrir une exposition iconoclaste : One Torino : Shit and Die, actuellement au Palazzo Cavour à Turin, capitale italienne de l’art contemporain !

Une exposition dont le curateur est Maurizio Cattelan ne pouvait laisser indifférent.

On connaît ses "provocations", ses œuvres iconoclastes : le gigantesque doigt d’honneur devant la Bourse de Milan (sa ville), Le jeune Hitler priant à genoux, le pape écrasé par une météorite, un galeriste scotché au mur, un autre déguise en lapin-phallus, le cheval empaillé suspendu, l’éléphant en tenue de klu klux clan, etc.

Dans le cadre d’Artissima, l’excellente foire d’art contemporain turinoise, on lui a donné les clefs du Palazzo Cavour, un bijou baroque avec ses stucs dorés et plafonds colorés.

Aidé de deux co-curatrices : Myriam Bien Salah et Marta Papini, il a convié une cinquantaine d’artistes à y montrer des œuvres en relation avec des événements ou des personnages liés à la ville de Turin.

Le ton est donné dès l’entrée, avec le grand escalier tapissé de billets de One dollar. On se demande s’ils sont vrais, probablement pas, car vue la surface qu’ils couvrent, il y en aurait pour des milliers de dollars.

Vue de l’escalier tapissé de dollars © A. Amiel

Le parcours de l’exposition est divisé en sections, chacune possédant un thème qui lui est propre, explorant une facette de l’identité issue du patrimoine culturel, social, politique et artistique de Turin, de son histoire et de ses fétiches.

Chaque salle du palais est investie par des œuvres très différentes, un choix éclectique où est privilégié le décalage, l’humour, la critique sociale et sociétale, la fragilité humaine, le temps qui passe, la mort, etc.

La promenade entre les œuvres est surprenante.

Venue d’univers très différents, d’approches, de matériaux, de disciplines très diverses allant de I’installation à la vidéo, de la peinture à la photo, de choix d’objets aux recouvrements, etc., elle est un panorama intéressant de la diversité contemporaine.

Ainsi les peintures de Stellos Faitakis célèbre streetartiste athénien qui pratique un étonnant mélange de styles : icônes grecques, muralisme mexicain, estampes japonaises, expressionnisme allemand, réalisme soviétique ou chinois avec prolétariats, chefs révolutionnaires et soldats... Un mixage incroyable et très réussi.

Stelios Faitakis, Imposition Symphony, 2011 Commissioned for the Danish Pavilion at the 54th International Art Exhibition – la Biennale di Venezia Courtesy l’artista e The Breeder, Athens. Realizzato grande al generoso supporto di Mrs Spyros & Philip Niarchos Photo : Panos Kokkinias

L’installation dans une des plus belles salles du palais d’un vrai gibet de bois provenant du Musée d’Anthropologie Criminel "Cesare Lombroso", est impressionnante quand on sait qu’il a été utilisé jusqu’en 1865 (une peinture de l’époque en fait foi).

Gibet © A. Amiel

Autre installation impressionnante : la présentation du squelette du Professeur Giacomini, ex-directeur du Musée d’Anatomie Humaine "Luigi Rolando", un grand anatomiste qui a voulu que son squelette soit exposé et utilisé par les étudiants, une forme d’immortalité et d’amour de son métier.

Plus humoriste, les meubles ayant appartenu au Comte de Cavour mis sous cellophane.

Salle sous cellophane © A. Amiel

De beaux objets aussi comme les faux tapis en faux bois de Aldo Mondino, une tour de Turronne (nougat italien - du vrai) des collages mêlant images, papier, objets ou vêtements, des statuettes africaines, etc.

Aldo Mondino, Torre di torrone, 1968, Collezione La Gaia, Busca, Cuneo © A. Amiel

De l’érotisme avec les polaroïds intimistes de Carlo Mollino et les dessins et peintures réalisées directement sur les murs (un grand nu d’homme).

Mur de dessins et images © A. Amiel

Dans la dernière salle, l’installation remarquable d’une voiture de course méchamment accidentée entourée de 35 métronomes, chacun rythmant à une vitesse différente le temps qui passe dans un concert bourdonnant et bruyant.

Voiture et métronomes © A. Amiel.

Beaucoup d’autres œuvres nous font pénétrer dans des univers très différents, créant un dialogue contradictoire entre elles, un choc très subjectif de formes, d’idées et d’histoires.

A voir en sortant les "Ciels d’artistes".

Turin, capitale de l’art Contemporain italien, qui compte de très nombreux lieux d’expositions : GAM (Galerie d’Art Moderne et Contemporain), Musée d’Art Urbain (en plein air), de grands musées : Palais Royal, "Galleria Sabauda", "Palazzo Madama", le superbe musée du cinéma et à quelques kilomètres, le fameux Château Rivoli, etc.) a demandé pour les fêtes à des artistes d’illuminer le ciel de ses principales artères.

Ciel d’artiste © ville de Turin

Photo de Une : (détail) Natalia LL, Consumer Art, 1972, Courtesy galleria upp, Venezia

http://www.artissima.it/frontend/ar...
http://shitndie.tumblr.com/

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