Né à Vitebsk (Biélorussie actuelle) dans une famille juive religieuse. Très doué dès l’enfance, il fait des études d’art à Saint-Pétersbourg avant de se rendre à Paris en 1911. Il vit à la Ruche, rencontre les avant-gardes : cubisme, fauvisme, abstraits…, mais il a déjà acquis un style très personnel coloré et onirique fait de personnages, animaux et objets libérés de la pesanteur, flottant dans l’espace. Dans ses peintures, ses souvenirs d’enfance, le folklore juif, la Bible, la musique, le acrobates, les amoureux, sont récurrents et intimement mêlés. Ses œuvres par la suite ont été déclinées dans de nombreux médiums : peinture, vitrail, céramique…, tous reflétant le même univers poétique.
Découverte de la mosaique

De retour en France en 1948, après s’être exilé douloureusement aux États Unis pendant la guerre, il s’installe à Vence, puis à Saint-Paul. Il est déjà artiste reconnu et recherché. Il voyage en Grèce et en Italie en compagnie de son ami Lionello Venturi, et à Ravenne, découvre les superbes mosaïques byzantines de la Basilique San Vitale.
L’année suivante, en 1955, invité par son ami, il accepte de participer à une exposition de mosaïques organisée par le Gruppo Mosaicisti, un groupe d’artistes de Ravenne participant au renouveau de la mosaïque. Bien que dans un premier temps, il « n’ose pas penser qu’on peut faire quelque de moi en mosaïque », il envoie Le Coq Bleu, un dessin qui sera transposé en deux mosaïques sans qu’il ait eu de contact avec les deux créateurs, ce qui ne sera plus le cas pour les suivantes.
Dès lors, il s’impliquera sérieusement dans chaque nouvelle création, donnant des indications poétiques : « c’est un peu comme la musique, dans la mosaïque on cherche l’atmosphère », faire « fort et calme à la fois »... Des indications qui permettent au mosaïste de lieux saisir la fluidité du dessin, les tonalités, les zones colorées, la densité et la taille des tesselles, etc.
De nombreuses demandes

Le Message d’Ulysse
1968
Mosaïstes : Lino et Heidi Melano
Photographie de la mosaïque située
à la Faculté de droit et science politique
Université Côte d’Azur
Dimensions de l’œuvre originale :
300 x 1100 cm
© Photo : François Fernandez
/ musées nationaux du XXe siècle
des Alpes-Maritimes
© ADAGP, Paris, 2025
Dans un film projeté dans le bel auditorium, on voit Chagall au travail qui demande des modifications de certaines parties de l’œuvre qu’il souligne à la peinture rouge pendant que le mosaïste prend des notes sur un petit carnet.
Les demandes par la suite vont être nombreuses. De 1958 à 1986, il réalisera quatorze mosaïques réparties entre le Sud de la France (Nice, Vence, Saint-Paul-de-Vence, Les-Arcs-sur-Argens), les États-Unis (Chicago et Washington), Israël (Jérusalem) et la Suisse avec une œuvre créée pour un hôtel particulier à Paris puis transférée à la Fondation Gianadda à Martigny, en 2003.
Dans les années 1960, il réalise des mosaïques au sol et une grande mosaïque murale pour le hall de la Knesset à Jérusalem. Aux thèmes bibliques, il rajoute des événements importants de l’histoire contemporaine : l’holocauste, l’immigration, la Terre Promise…
Quelques années plus tard, la Fondation Maeght en construction lui commande une grande mosaïque Les Amoureux, et La Vie (1964), qui illustre un monde en mutation, traversé par des figures humaines, des animaux, des anges, dans une composition vibrante. Le doyen de la faculté de Droit de Nice, une mosaïque de grande dimension (21 mètres x 3) en hommage à Ulysse. Aux États-Unis, à Washington (Ophée), à Chicago (Les Quatre Saisons)…
Cette exposition, la première pour cette technique, montre l’intérêt que lui a porté Chagall
Elle nous permet d’aprécier ses recherches et ses processus de création pour la meilleure interprétation et l’adaptation de ses peintures à ce médium ancestral.
Chacune de mosaïques est documentée par des documents d’archives, des peintures, dessins, gravures et lithographies. Des photographies agrandies nous permettant d’admirer les finesses de conception, la richesse d’expression.
Plusieurs mosaïques sont également présentées, dont bien sûr, l’œuvre in situ : Le Char d’Elie, réalisée en 1971 pour le musée national Marc Chagall.
À l’entrée de l’exposition, une salle présente les matériaux (verre, pierre, céramique..), les outils de découpe (pinces, carrelettes, marteline), de pose (spatules, pinceaux), les supportes, etc. Des dispositifs interactifs et des dispositifs tactiles permettent de comprendre la technique de la mosaïque, pensés notamment pour des personnes atteintes de déficience visuelle.