Léon Pape, le messager (3/3)

André Giordan et André Biancheri poursuivent leurs écrits sur la création artistique actuelle à Nice et dans sa région, au travers de portraits d’artistes et d’études approfondies de leur art. Ce mois-ci focus sur l’artiste Léon Pape. Dernier volet de la chronique cette semaine avec l’analyse d’une oeuvre de l’artiste "Visage".

Analyse d’une oeuvre


Léon Pape, Visage, 2009

DESCRIPTION / INTERPRETATION

Cette oeuvre situe immédiatement son échelle grâce à la participation de l’artiste qui pose à ses côtés. De grand format, cette peinture évoque un assemblage de formes, ou d’images reconnaissables, reliées par des lignes claires qui fragmentent l’ensemble en surfaces irrégulières. Les images familières chevauchent les polygones pour donner davantage d’unité à la composition d’ensemble ; la colombe, le visage ou la grande tige – plante ou arc – se répartissent à l’intérieur de plusieurs surfaces pour servir d’éléments de liaison, tandis que des représentations plus réduites semblent prisonnières de l’espace qui leur sert de cadre.

Les métaphores reviennent souvent de manière imagée dans l’œuvre de l’artiste, comme ici le besoin de liberté, la nature ou le désir de s’élever, de sortir d’un état prisonnier grâce aux escaliers, en bas à gauche qui pourraient permettre une ascension (sociale ou intellectuelle) pour atteindre en haut à droite un espace de rêve.

Léon pape reste fidèle aux références artistiques qu’il vénère et qui sont évidentes dans ce tableau : les touches impressionnistes de Monet, quelquefois beaucoup plus larges comme dans les œuvres de Manet, telles ici dans les grandes surfaces mauves ou turquoises qui présentent de subtils dégradés dans leur ensemble. Le travail de la pâte épaisse se nourrit d’une réelle influence de Chagall et laisse le plus souvent transparaitre la trace de la spatule et de ses amples trajectoires ; enfin les stylisations du visage ou de la colombe, figures principales de cette œuvre, ne sont pas sans évoquer les représentations de Matisse ou Picasso.

MORPHOLOGIE

La composition de cette peinture s’articule autour des droites qui semblent déstructurer les images proposées ; l’espace semble partiellement transformé pour créer l’illusion de volumes car les plans donnent l’impression de reliefs ou de profondeurs en perturbant partiellement la lecture de l’œuvre ; l’esprit cubiste apparaît, et le dynamisme des lignes accentue volontairement les obliquités au détriment des courbes figuratives, plus proches de la réalité.

CHROMATISME

Cependant cette peinture n’est pas uniquement un éventail de citations ou de références artistiques ; l’authenticité qui s’en dégage prend ses racines dans l’africanité par le travail très coloré, véritable illumination de chacune des surfaces, et la simplification des formes qui apportent une lointaine évocation des sujets plus que leur fidèle représentation. La dominante de couleurs froides bleutées et verdâtres se complète de roses fuchsia qui apportent un aspect surnaturel et onirique ; les surfaces évoquent des fragments de vitraux sans en conserver la rigueur, grâce aux cernes blancs irréguliers, tracés naïvement pour délimiter les différents espaces. Ces tracés, repris en écho par les lignes du visage et l’aplat de la colombe éclaire le tableau en lui conférant un côté mystique, qui touche totalement le spectateur.

Pour en savoir plus

Adresse
Atelier, Rue de la Croix, 06300 Nice
Tél de l’artiste :
Nice : 0638405587
Sénégal : 00221 78 636 60 26.

: Atelier de Léon Pape dans le Vieux-Nice, 2014

Agent artistique

Laure Gelf, 06 21 53 57 92
14 Av paul Dufourmantel 06000 Nice Cimiez
Possibilité de voir les œuvres en direct
Les bénéfices des ventes de tableaux sont reversés à l’association Les enfants de Sion pour la construction d’un Centre bio-psycho-social au Sénégal.