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#lediesis, clin d’oeil (street)artistique à toutes les femmes

Cette semaine je partage avec vous ma dernière découverte florentine. Un streetartiste qui colle des superwomens inspirantes sur les murs de Florence et signe ses oeuvres #ledieisis...
Tout a commencé un samedi matin très tôt en déambulant dans les rues de Florence en Italie, je suis tombée en admiration devant un collage de streetart...

Rita Levi Montalcini par #lediesis (cliché pris de nuit :) (Photo DR VN)

Il faisait encore nuit, et le collage était sombre, mais je distinguais une vieille dame - à la chevelure gris pommelé éclatante - qui me faisait un clin d’oeil. Intriguée parce qu’il me semblait que son visage m’était vaguement familier, j’ai approché le mur sur lequel s’affichait cette dame âgée espiègle et j’ai découvert qu’elle arborait - sous un corsage austère et noir - un S jaune et rouge de Superman. Malgré la lumière encore très sombre j’ai fait une photo et j’ai continué mon chemin, plus légère de ce clin d’oeil familier qui m’avait amusé, et ragaillardie de cette familiarité offerte par une dame en papier !

À la sortie d’un café sur une terrasse près du Duomo plus tard dans la matinée, mon regard surprit un clin d’oeil complice d’une femme plantureuse et arborant elle aussi le S emblématique de Superman ! Fièrement accrochée à deux mètres du sol, sur un mur ocre un peu vieilli et défraichi, elle se tenait là au dessus de nous tous visiteurs distraits et nous jetait son clin d’oeil rieur à la cantonade ! Ce second clin d’oeil éveilla définitivement ma curiosité et me poussa à me rapprocher tout près de la belle : Sophia Loren (puisqu’il s’agissait d’elle !) me fixait toujours amusée sans frémir ! J’ai de nouveau sorti mon appareil photo et capturé la beauté puissante de cette actrice de papier qui surgissait d’un mur pour illuminer ma journée d’un clin d’oeil communicatif !
Ce n’est qu’au moment de ma balade digestive (ah Florence Florence, tes plats et vins merveilleux..), un peu perdue, un peu rêveuse, que j’ai fait la rencontre de Nefertiti perchée sur un mur, poitrail nu balafré d’un énorme S de Superman ! Puis à peine quelques mètres plus loin empruntant une petite ruelle anodine pour échapper à la foule des touristes, j’ai croisé Uma Thurmann en Béatrix Kiddo qui arborait elle aussi fièrement un S rouge sur sa combinaison jaune !
Piquée au vif par ces apparitions de collages de femmes à oeillades, j’ai relevé le nom de l’artiste à l’origine de ces ponctuations urbaines colorées. #lediesis..
Et j’ai trouvé sur Instagram le compte de l’artiste.
Qui a gentiment accepté de nous raconter un peu de son histoire !

Quelques questions à #Lediesis

Comment cette série de collages dédiés aux superwomen a commencé ?

La plantureuse et joyeuse Sophia Loren par #lediesis (DR VN)

L’idée des superwomen est née presque par hasard, lors de la visite de la dernière “Arte Fiera” à Bologne, à la fin du mois de janvier de cette année.
Les créations ont été réalisées en quelques jours et j’ai commencé à les diffuser le 8 mars 2019, comme un hommage aux femmes et un moment de réflexion pour tous.

 

Pourquoi avoir choisi Rita Levi Montalcini pour ouvrir cette série ?

C’était en fait un choix aléatoire. C’était la dernière création que je venais de terminer cette nuit-là et finalement la première à être collée ! Rita Levi Montalcini est une femme très importante pour la culture italienne, et pas seulement scientifique, elle a été pleine d’énergie jusqu’à la vieillesse. D’origine turinoise, elle vivait cachée à Florence avec sa famille et changeait souvent de logement pour éviter les déportations.

En quoi Barbie, Lara Croft ou Beatrix Kiddo dont les silhouettes sont blanches, minces et répondent aux codes ambiants de la beauté incarnent-elles pour vous, des super-femmes ?

Comme vous l’avez peut-être remarqué, Barbie et Lara Croft sont représentées sur mes oeuvres l’une avec un sac à provisions et l’autre avec un rouleau à pâtisserie. Je voulais juste jouer avec l’inversion des rôles. Barbie incarne le mythe de la femme parfaite, loin des préoccupations du quotidien. Au lieu de cela, ici elle va tranquillement faire ses courses. Lara Croft, que nous imaginons toujours comme une guerrière invincible, ne possède pas ici d’uzi, mais un rouleau à pâtisserie, objet symbolique des ménagères du monde entier, en particulier de l’Italie. Quant à Beatrix Kiddo, c’est une femme magnifique, mais également une femme très dure. Elle représente pour moi le guerrier qui est dans chaque femme.

Chercheuses, actrices, stars de la bande dessinée ou de films, il n’y a pas (encore !) De femmes politiques dans votre série. C’est délibéré ?

Non, évidemment pour le moment, je n’ai pas trouvé de super politiciennes à représenter ! Des personnes qui parviennent à vous impliquer dans leur rêve d’un avenir meilleur, c’est rare !

En quoi les femmes en niquab et les queers sont aussi des superwomens ?

Ces deux œuvres originales ont été créées spécialement pour le festival florentin “women’s heritage”. Ici donc pas de personnages célèbres, mais ce sont des stéréotypes. La première représente deux filles avec le niquab qui prennent un selfie et les trois autres sont des “queer”.
Une façon de dire que la joie d’être une femme peut s’exprimer sous n’importe quelle robe ou dans n’importe quel corps.

Toutes vos “superwomen” font un clin d’oeil, pourquoi ?

Le clin d’oeil est un signe de complicité avec ceux qui les regardent, comme pour dire “vous aussi, vous êtes comme moi, vous aussi, vous avez des super pouvoirs !”

Quel collage a reçu le plus de like sur Instagram ?

Probablement Frida Kahlo et Sora Lella.
Une est une icône féminine, non seulement pour son art, mais aussi pour sa force, sa vitalité, sa passion.
L’autre est une institution pour les Romains qui l’adorent, avant d’être une actrice elle était un personnage, elle représente un peu la grand-mère de tous les Italiens.

Vos “fans” sont autant des hommes que des femmes (on peut le voir avec les seflies postés sur instagram) : c’était votre objectif ?

Bien sûr, le message s’adresse à tous sans distinction.
Ce n’est pas un hasard si toutes les femmes ont le S de Superman, qui est un homme, et non le W de Wonderwoman.
Elles jouent leur propre “désidentification” des rôles.
Je n’ai jamais pensé à un public cible, je pense aux gens.

Est ce que vos oeuvres ont été reçues par le public de la même façon à Florence et à Rome ?

Oui vraiment ! Même si à Florence, le fait de les avoir collées autour de la date du 8 mars a entrainé une véritable chasse aux trésors de mes oeuvres ! Aujourd’hui encore des visites guidées sont organisées pour faire découvrir aux amateurs de streetart ces oeuvres !

Quelle technique utilisez-vous pour réaliser ces oeuvres ?

Elles sont toutes peintes à l’acrylique sur du papier de soie.
Les seules et originales se trouvent fixés aux murs !

Votre pseudo #lediesis, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Le choix de ce nom en utilisant le hashtag joue à la fois sur le langage social et musical, le dièse est une altération de la note de base. En outre, lorsque nous prononçons Lediesis (ladies/ dames), il est clair que je veux rendre
hommage aux grandes dames, plus largement à toutes les soeurs, les amies.
Pensez combien de nuances dans un seul mot !

Est-ce que la peur de vos collages ”illégaux” dans la rue pourrait vous faire arrêter cette série ?

Dans la rue il y a toujours un risque, et il y a surtout beaucoup d’adrénaline...
Je vais bien sûr continuer cette série :)

Vous souhaitez rester anonyme, pouvez-vous vous décrire toutefois en une phrase ?

Je suis une personne qui essaie de dédramatiser n’importe quelle situation !

Nefertiti glorieuse ! (Photo DR VN)

Pour ceux qui veulent découvrir plus d’oeuvres de l’artiste, on vous propose UN PETIT BONUS PAR ICI

VOUS POUVEZ SUIVRE L’ARTISTE SUR INSTAGRAM @lediesis OU, COMME NOUS, EN VOUS BALADANT DANS LES RUES FLORENTINES ET ROMAINES !

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