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Jean-Luc Verna à l’Espace à Vendre

Plus encore que pour les autres body-artistes, le corps de Jean-Luc Verna est l’objet et le sujet de son travail. Pas le corps en tant que langage, ni en utilisant le langage du corps, mais le corps lui-même, devenu le support de ses dessins, de ses graphismes, de ses écritures, un corps-toile sur lequel il s’exprime. Un corps qu’il donne à voir, qu’il expose dans les galeries, qu’il met en scène, qu’il convoque pour créer, qui est là partout où il se trouve. Il est l’artiste et l’œuvre.

Jean-Luc Verna est connu depuis longtemps à Nice où il a été élève puis professeur à la Villa Arson

Sa grande douceur et son choix pour l’académisme contrastent fortement avec son apparence étonnante, voire un peu effrayante pour certains. D’où la question, titre de l’exposition à l’Espace à Vendre : «  Vous n’êtes pas un peu beaucoup maquillé ?—Non »

S’il a fait de son corps une œuvre à part entière, il décline son art en de très nombreuses disciplines : le dessin surtout, mais aussi la photographie, la sculpture, la vidéo, la danse, la performance, etc.

Ses références à l’histoire de l’art se retrouvent dans les grandes photos exposées : il est le Christ, en Discobole, David, un kouros, etc., photos extraites d’une superbe série : "50 poses utiles pour le dessin" où il se représente nu dans des poses de sculptures antiques, mais également en personnages des tableaux de Caravage, de Delacroix, de Klimt, en danseuse de Matisse, etc.

De son père culturiste, élu Monsieur Côte d’Azur, il a gardé la volonté de maîtriser son apparence, d’accorder une importance particulière, une recherche de perfection à son corps, mais il a voulu aller beaucoup plus loin, au delà de cette image en la transformant, en la contraignant, en la sublimant par la culture et l’art.

Le dessin où très jeune, il excellait a été le moyen de se faire reconnaître, de sortir d’une gangue qui l’empêchait de vivre. Au fil du temps, ses dessins sont devenus complexes, retravaillés en photocopies, décalqués au trichlo, inscrits la plupart du temps sur des vieux papiers, des pages de livres ou de journaux sur lesquels il laisse un mot apparaître, comme irréel au milieu de dessins fumeux, tourmentés, très sombres, avec parfois des taches de couleur, du rouge surtout.
Si on y devine parfois des paysages, c’est essentiellement la figure humaine qui l’obsède, quelquefois mêlée de becs ou d’ailes d’oiseaux… Des dessins intimistes et poétiques.

Une vidéo, une bande son et des livres complètent l’exposition.

A voir jusqu’au 7 janvier 2023.


Tous visuels de l’article ©Jean-Luc Verna

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