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Giacometti : affaires de famille chez Maeght

On se souvient que l’an passé la Fondation Maeght avait présenté une exposition monographique de l’œuvre de Giacometti. Nous ignorions alors qu’Alberto avait un père, deux frères et un cousin tout aussi importants que lui du point de vue artistique au cours du siècle précédent. Ils ont tous réussi, chacun dans leur domaine, et Alberto les a entraînés dans le sillage de la notoriété.

Si Maeght ne réserve pas toute la lumière au seul Alberto, mondialement connu, c’est pour montrer la forte influence que cette famille exerça dans plusieurs domaines de l’art au début du XXe siècle.
La Fondation saint pauloise les réunit, élevant cette exposition au titre de première mondiale.
Rendant cet hommage aux cinq Giacometti, le commissaire d’exposition, Peter Knapp, a réalisé un travail de fond en dénichant chez les collectionneurs des œuvres encore jamais montrées au public et en décrochant des musées suisses où elle étaient exposées des toiles qui sont des chefs-d’œuvre. Trois cents tableaux, sculptures, objets, dessins à voir et à revoir jusqu’au 14 novembre.

Des influences croisées

Giovanni, le père, était peintre. Il fut un des piliers de la modernité suisse aux côtés de Félix Valloton. Augusto, le cousin, se révèle précurseur de l’art abstrait.
Génie des arts décoratifs, le mobilier façonné comme des sculptures pleines de fantaisie et d’humour est sorti des mains de Diego, le frère cadet. Son bestiaire croise "les femmes debout" d’Alberto, lui-même façonnant des lustres et des lampadaires.
Les dessins et maquettes d’ouvrages architecturaux de Bruno, le deuxième frère, avaient un impératif : s’intégrer parfaitement dans le paysage en dialoguant avec l’art. Architecte humble et modeste en tout point, il a été
reconnu dès après la guerre et a poursuivi son œuvre jusqu’en 1980, reprenant les principes du Bauhaus, prônant une architecture
humaine éclatant dans le pavillon suisse de la Biennale de Venise en 1952.

On voit donc tout ce que cette famille originaire de la région des Grisons en Suisse a apporté de modernité. Parcourir cette exposition, c’est marcher dans les pas de l’art moderne, suivre son déroulement des premiers mouvements impressionnistes jusqu’aux créations plus radicales comme la majestueuse "Femme cuillère" et au filiforme "Homme qui marche".
C’est comprendre les influences exercées entre les uns et les autres par les soutiens, les collaborations et les dialogues communs. Pour les 120 ans de la naissance d’Alberto Giacometti, le Grimaldi Forum présente actuellement une rétrospective rassemblant plus de deux cents œuvres - peintures, sculptures, plâtres - pour une rétrospective complète. Nous aurons l’occasion d’en reparler.

Photo de Une : Peter Knapp, commissaire de l’exposition devant un "Homme qui marche" © A.C

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