Jacopo Galimberti, historien de l’art à l’Université de Bologne et Fabrice Flahutez, professeur à l’Université de Lyon Saint-Etienne ont évoqué son riche parcours et sa très originale démarche artistique.
Pour chacune de ses œuvres, l’artiste étudie et s’imprègne des lieux, de leur implantation ainsi que de l’histoire, de la mémoire enfouie et de leur charge symbolique, ce qui donne à ses créations une densité singulière.
De ses premières créations où il dénonçait le danger nucléaire, l’apartheid, la situation des migrants, etc., à de récentes interventions à Haïti, son engagement politique et social lui a fait parcourir le monde (à l’instar de Garibaldi).
Lors d’un débat très ouvert, il a expliqué comment il a répondu à cette commande de la Ville de Nice en évoquant le cheminement mental qui l’a amené à élaborer cette création.
Si Nikaïa était reconnue par les archéologues comme un comptoir grec fondé par les marseillais vers le troisième siècle avant notre ère (peut-être avant), ils n’avaient pas jusqu’aux travaux de la ligne 2 du tramway qui ont permis de faire des fouilles approfondies (jusqu’à 20 mètres ou plus) dans la rue Ségurane (probablement la plus vieille rue de Nice), mis au jour des preuves matérielles probantes de son implantation. On ne connaissait son existence que par des mentions dans des textes ou sur des cartes.
Les fouilles de 2015 ont permis de découvrir une nécropole et une voie datée du 1er siècle av. JC.
L’usage antique d’enterrer les morts à l’extérieur des villes le long des routes qui menaient aux cités a conforté l’hypothèse de la localisation du comptoir massaliote de Nikaïa sur la colline du château et à ses pieds le long de la rive gauche du Paillon, dans l’actuel vieux Nice.
Il était donc logique pour Ernest Pignon Ernest de célébrer le nom de la ville en s’inspirant de la plus belle des statues symbolisant la Victoire, celle de Samothrace conservée au Louvre.
- L’artiste s’est inspiré de Samothrace pour réaliser son oeuvre © A.A
Garibaldi, dont la statue trône sur la place qui porte son nom une quinzaine de mètres au dessus de la station, a été évidemment convoqué par l’artiste, lui-même niçois et enfant du quartier. Il a choisi de présenter le Giuseppe Garibaldi, surnommé Pépin, encore enfant, « pelandroun » libre, intrépide, impertinent, désinvolte, juché sur les ailes de la statue.
Ainsi sont associés l’enfant du port et Niké la victorieuse*.
Le Louvre a fourni une copie de la Victoire ailée que l’artiste a peaufiné dans l’atelier des carnavaliers. Pépin, le pelandroun dont il a fait plusieurs dessins, a été modélisé en 3D par les graphistes puis sculpté par le superbe robot dont le bras articulé muni de mèches taille au plus juste les blocs de polystyrène. Comme la Victoire, il a été finalisé (poncé et peint) dans l’atelier sous l’œil vigilant de l’artiste.
Derrière la statue dressée sur une proue de navire, un écran diffuse en direct une large vue de l’entrée du port, ouvrant sur la Méditerranée et au-delà sur le monde, un rappel de l’incroyable histoire du plus célèbres des Niçois, « Héros des deux mondes ».