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Eglé : la tête dans les nuages...

Parmi les artistes défendus par la galerie "Espace à Vendre", rue Assalit à Nice, la plupart sont des dessinateurs. Une jeune femme d’origine lituanienne, Eglé Vismanté, marque les collectionneurs par sa forte présence artistique. Le dessin contemporain regagne ses lettres de noblesse, il a désormais son public : ceux d’Eglé se vendent très bien.

À la fois abstraits et figuratifs, faits de matériaux aussi éphémères que le fusain, la craie, le blanc d’Espagne, ils ont la densité d’une peinture. Eglé frotte, efface, reprend, gratte, laisse aller les coulures. L’aléatoire ne l’effraie pas. De ces moyens émerge une forme bien compacte mais qui laisse passer la lumière, à travers stries ou transparences. Les nuages noirs passent. Atmosphère ! À trente et un ans, on est hyper sensible aux questions climatiques :"la nature, les paysages affectés par l’homme sont très présents dans ma pratique". Elle remarque que l’art est forcément politique, ajoutant pourtant qu’elle "n’aime pas imposer" ses idées.
En écho avec l’actualité tragique, dans sa vie réelle, Eglé est marquée par l’emprise russe sur son pays : sa grand-mère a vu sa maison bombardée et son grand-père a été déporté au goulag. Elle passe rapidement le sujet.

Arson, le Carreau du temple...

Mais l’âme mélancolique de son pays d’origine ressurgit dans ses dessins. Alors qu’elle vit à présent dans la lumière de la Côte d’Azur, les légendes lituaniennes ne sont jamais loin de son esprit. "Il est fatidique de deviner le nom du nuage qui passe au-dessus de nos têtes", en référence à cette légende lituanienne où ce nuage se déverse comme un lac, avec tous ses poissons, engloutissant des villages entiers.
À la Villa Abandonnée, au sein du collectif Palam lors de l’exposition "Orées", elle montrait des images de destruction de la tempête Alex dans une vidéo, chez elle un autre moyen d’expression.
Après ses études effectuées dans une école des Beaux Arts en Lituanie où elle apprend les bases du dessin et de la peinture de manière plus académique qu’on ne le fait en France, elle se retrouve par hasard à Nice. Elle se présentera au concours de la Villa Arson, cette école qui fait rêver tous les plasticiens en herbe. Son dossier, parmi cinq cents, est accepté : "autant en Lituanie qu’à la Villa Arson j’ai eu la chance d’avoir d’excellents professeurs qui m’ont aidée à aller plus loin".
La Francis Bacon MB Art Foundation, à Monaco, institution dédiée à l’étude de l’œuvre, de la vie et du processus créatif du peintre britannique, lui décerne sa première bourse.
Eglé annonce sa prochaine exposition au Carreau du Temple en mai : Drawing Now Art Fair est la première foire d’art contemporain en Europe exclusivement consacrée au dessin. Elle y sera présentée par la galerie "Espace à Vendre".

Et pour ceux qui ne pourraient "monter" à Paris, Eglé Vismanté organise une journée porte ouverte de son atelier le 10 avril au 36 rue Richielmi à Nice.

©Eglé Vismanté

Photo de Une : ©A.C

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