Une troupe de 14 comédiens sur scène à l’heure où elle n’est installée à Paris que depuis quatre ans en 1663 , dans un contexte où les rivalités sont légion entre trois compagnies .Molière se taille la part du lion. C’est sur le terrain de la rumeur et de la calomnie quant à sa vie privée au regard d’accusations d’inceste que poètes et comédiens se déchaînent. Son succès n’existe pas sans faire de concessions. Châtier oui mais en divertissant la Cour. Nous sommes, spectateurs, mis dans la confidence des atermoiements, des craintes qui de Mme. Béjart , qui de Mlle De Brie ou de Mlle. Du Parc.
Le Roi , en effet , exige d’assister sur le champ à une représentation , fût elle au prix de répétitions écourtées, d’un climat de dépendance, d’urgence . Le fauteuil du Prince doit être toujours là. Les pièces sont souvent des commandes du pouvoir comme aujourd’hui le Théâtre vit de subventions. Tout cela se traduit par une effervescence dont on se plaît à être les témoins privilégiés, bruisse d’une contestation feutrée même pendant la représentation de « l’Ecole des Femmes » donnée face au 4 è mur soit la partie qui nous fait face et où se trouve tous les importants qui méritent la respectabilité qu’on imagine, derrière le rideau de fond de scène. C’est un Molière qui se veut à la fois rassurant et qui tend à enjoindre les siens de bien représenter le personnage une fois qu’ils maîtrisent l’idée de celui-ci.
- "L’Impromptu de Versailles", Molière
- Copyright : Fraicher - Matthey
« l’Impromptu de Versailles », pièce atypique s’il en est , donne à voir le Théâtre dans le Théâtre puisque toute la machinerie, des rideaux aux échelles en passant par les malles jusques aux comédiens de la troupe qui jouent leurs propres rôles, travaillent à la table comme on dit aujourd’hui. De plus, Molière donne une véritable « master class » en quelque sorte de l’art du comédien du parler haut du marquis à certaines femmes dont la sottise n’a d’égal que la pédanterie. Il règle son compte à la diction, à la déclamation. Les morceaux choisis dont se pique sa troupe sont de Corneille qu’il aurait rêvé d’être. Un Paul Charieras qui endosse les habits de Molière et qui règle, dirige , conseille… de ne pas se perdre en de vaines querelles et de trop longs discours . Mieux vaut saisir ce temps précieux à répéter ou à écrire afin de ne pas perdre sa vraie nature. « Mais que les comédiens sont d’étranges animaux à conduire ! » se lasse t-il .La Société de son temps n’est pas en peine d’être raillée et pointée du doigt !
- "L’Impromptu de Versailles", Molière
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