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SPECTACLE : HANS WAS HEIRI De Zimmermann et de Perrot

Y a d’la joie dans le travail de Martin Zimmermann et Dimitri de Perrot que programme le TNN ! Avec un indéniable sens de l’absurde, ils offrent, en éliminant toute frontière, la parfaite alliance entre la danse, le théâtre et le cirque.
Au Théâtre National de Nice du 13 au 17 mars.

L’espace dans lequel ces Zurichois évoluent est une instable boîte carrée, genre maison en coupe où tout coulisse à contre temps et où les fenêtres ouvrent sur des abîmes. Si ce décor insolite évoque d’abord une construction high-tech, il fait aussi office de piste de danse virtuelle et transforme la scène en terrain d’expérimentation incongru et magique ! Sept artistes imprévisibles s’y agitent innocemment, luttant contre l’attirance du vide, avec une burlesque élasticité des corps et un don d’ubiquité loufoque. On les suit sur les pistes les plus inattendues, mis en constant déséquilibre dans cet espace à la fois abstrait et totalement onirique, où ils se déplacent avec naturel. Vêtus de costumes surréalistes dans cette machinerie complexe, ils bouleversent les codes grâce à une esthétique farfelue qui leur ont valu la marque d’un sceau inimitable, revisitant en quelques gestes ce que cet espace peut signifier pour un acrobate.

« Hans was Heiri » est une expression du dialecte suisse alémanique qui signifie « au bout du compte, c’est du pareil au même » ou plus communément « blanc bonnet, bonnet blanc » pour exprimer que les humains se distinguent peu dans leurs sentiments et leurs manières d’être, ils seraient seulement différents dans la ressemblance. Ainsi Zimmermann et de Perrot livrent-ils une foule d’histoires mêlées, en composant avec leurs propres émotions, les joies ou les drames de la vie. Ils évoluent entre réalité et illusion, en jouant avec la distorsion du réel et en donnant une place prépondérante à l’architecture sidérante et burlesque de leur univers. Cela demande une telle perfection technique, minutée à la seconde près, que c’est très raisonnablement qu’ils sont déraisonnables. Sûrement ces artistes ont-ils voulu fustiger les conventions, faire la nique à l’apesanteur, bousculer les limites, s’aventurer en terrain inconnu en prenant des risques. Ils pensent leur art avec leurs corps, ce qu’ils font avec émotion et virtuosité, développant leur propre langage théâtral sans avoir recours aux mots. Véritables bouffons, ils n’ont pas de mal à faire rire de leurs prouesses et de la souplesse qui anime leur danse d’une technique de corps en caoutchouc.

Avec ce spectacle emblématique du mouvement actuel où la danse glisse vers la performance et les arts plastiques, tout en réunissant danseurs, jongleurs et équilibristes, ces chorégraphes virtuoses proposent des numéros de haute volée à l’impact visuel impressionnant. Ils osent les plus folles figures pour explorer au mieux les limites d’utilisation de leurs corps, comme s’ils se sentaient libres de dépasser les frontières - en lançant un défi à l’espace et au temps. Et aussi à eux-mêmes ! Leur technique époustouflante fait traverser tout un univers qui l’emporte par sa drôlerie !

Théâtre National de Nice ( du 13 au 17 mars)

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