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Fin de cet événement Septembre 2018 - Date du 7 juillet 2018 au 30 septembre 2018

Les abstractions urbaines de Franco Fontana au Musée de la photo

De l’exposition de Franco Fontana au Musée de la Photographie de Nice, on ne verra que des paysages : les premiers qu’il immortalisa dans les années 70 et qui révolutionnèrent le genre, au point qu’encore maintenant, ces clichés restent imprimés dans la mémoire collective tellement on les a vus partout.

Image emblématique : un champs de colza, au milieu duquel s’inscrit un arbre dont l’ombre s’étire comme une cicatrice, et au-dessus un ciel immensément bleu. Une image dure, comme ces paysages marins, où les mouvements de la mer sont figés pour l’éternité, comme solidifiés dans une masse sculptée. Il n’y a aucun signe de vie dans les photographies de Franco Fontana. Pas l’ombre à l’horizon d’un chat ou d’êtres humains.

Une partie seulement de son travail, dommage...

(Photo AC)

Si l’on revoit avec plaisir ces tableaux aux cimaises du rez de chaussée du Musée, on préférera - mais c’est une question de goût - la thématique du premier étage : des paysages citadins souvent saisis en Californie, solidement construits en formes géométriques rectangulaires ou planes, qui rendent à la couleur ses vraies valeurs.
Ces photos puissantes, inhabitées, ne sont que l’un des aspects du travail de l’artiste. L’autre versant, qui n’est pas montré, étant celui d’un homme qui eut une vie professionnelle intense, photographiant les plus jolis mannequins de la planète pour Vogue et participant à de
nombreuses campagnes publicitaires pour l’industrie de la mode ou de l’automobile.

Et il est donc dommage que cette exposition se réduise à ces seules images. On regrette de ne pas voir ses nus, superbes et inattendus, photographiés dans la piscine de son voisin, avec son autorisation, cela va de soit. Rien d’outrageant, ni de trouble, dans ces corps de jeunes nageuses dont l’anonymat est préservé. Elles ressembleraient plutôt à des statues antiques qui seraient revenues dans le champ de
vision d’un David Hockney. Toute cette partie de son travail, évoquée dans le passionnant film de 47 minutes projeté dans le musée, nous échappe.

Voir en soi-même

On le voit imaginer ce qu’il voit, parler avec simplicité de son art, recomposer à la fourchette un polaroïd qu’il vient de prendre,. Son commentaire résume son travail : "La créativité ne signifie pas photographier ce qui est, mais ce que nous imaginons qui soit. […] Le photographe découvre le monde à travers ce qu’il a en lui et en même temps il a besoin du monde pour le découvrir. Ainsi, libérez l’artiste qui est en vous et laissez cet artiste faire d’abord des photographies et pensez ensuite". Une leçon, dont l’intérêt ne se limite pas aux photographes.

L’exposition se termine le 30 septembre.

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