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CHRONIQUE LITTERAIRE : Maria et Fighiera, le retour

L’actualité littéraire avec la librairie Quartier Latin à Nice...
"Ah, pour ce dernier envol de l’année j’allais vous parler d’Afrique et de Chine, voir de Corée du Nord, pour vous conter quelques livres intéressants, dépaysants, déroutants et éclairants tirés de la moisson de prix littéraires dans laquelle il n’y a quand-même pas que du mauvais."

Ce sera pour une autre fois, et vous les trouverez
sans moi, les Congo, Notre-Dame du
Nil, Dîner de Gala et autres sériosités avec
lesquelles je vous aurais juste un peu gâché
le gros souper et la dinde de Noël.

Mais voilà qu’atterrit sur nos tables le second
tome de la petite collection « d’Aqui
e d’Aia », éditée par la courageuse et de
plus en plus entreprenante maison Baie des
Anges.

Collection dédiée à et initiée par Christian
Maria, dont on ne rappelle pas ici les passionnantes
peintures d’époque sous forme de
romans historiques centrés sur Nice au XVIème
siècle.

Christian Maria, oui, mais sans Jean Philippe
Fighiera, ce recueil ne serait pas ce
qu’il est : non seulement un recueil attachant
et amusant d’histoires de Nice et d’Ailleurs
(eh, je commence à saisir des bribes de Nissart,
estranger que je suis) mais aussi une
joyeuse plongée dans la langue vernaculaire
du comté.

Jean Philippe Fighiera, qui a si longtemps
enseigné l’histoire et la langue niçoise, a traduit
les textes de Christian Maria dans une
truculence accomplie, que même l’ignare linguistique
que je suis parvient à saisir.

C’est donc un livre qui se lit à voix haute, où
le pair répond à l’impair dans un tourbillon
de mots et d’expressions savoureuses qui fait
qu’on a vite peine à saisir qui a traduit qui.

Bel exemple de connivence, et délicieuse
fusion : ça réconciliera le plus rétif (comme
moi) avec l’intérêt du parler d’ici…

Mais ça parle de quoi cette fois ?

La nouvelle qui donne son titre au volume
nous emmène, avec le grand-père Bessi, au
coeur de la Grande Guerre où une montre
sauve la vie du soldat, sans laquelle donc
Maria ne serait pas là pour nous la conter.

Et pour ceux qui trouvent cela incroyable,
j’en ai une du même ordre à vous rapporter,
avec un dé à coudre.

Mais Christian Maria sait s’extraire de l’Histoire
et avec « le Marathonien » et « 50 % »,
on est en pleine galéjade provençale de
notre temps.

Retour à l’île Maurice enfin, pour le quatrième
de ces textes, comme dans le premier
volume, avec l’évocation d’un père disparu
trop tôt.

Imaginez-vous un plus inspiré cadeau de
Noël, à moins de 10 e ?
En tout cas, le cadeau le plus nissart qui
soit ! Et si vous voulez faire encore meilleure
figure, vous pouvez encore y ajouter le tome
1, intitulé « Pascalinou », que vous pourrez
encore trouver en librairie.

Quand je vous disais qu’il y avait urgence…

Sur ce, je
vous dis, puisque ma rédactrice en chef m’a
persuadé de revenir encore vous faire mes
états d’âme, « a l’an que vien ».

« La Montre du Diable Bleu », quatre nouvelles
bilingues de Christian Maria (et Jean
Philippe Fighiera), 105 pages, éditions Baie
des Anges, 9,90 €.

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