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Chapitre 77 - Part II

Retrouvez la suite de la chronique de France Delville qui présente sa nouvelle saga consacrée à André Verdet et César Carré à la Fondation Maeght.

Chapitre 77 André Verdet et César Carré à la Fondation Maeght (PartII)

Le samedi 14 juin à 10h, en marge du Festival du Livre de Nice, dans l’auditorium de la Bibliothèque Nucéra… (suite)

L’épaisseur de l’ombre

Ombres d’artistes
Les ombres d’artistes sont réalisées sur des panneaux de bois, format lm x 0,60m. Certains sont découpés, d’autres comportent des reliefs.

Donner à l’ombre une épaisseur en procédant soit à une restitution fidèle, ou bien à une synthèse de plusieurs prises ou encore à un léger travail de surface, c’est d’une certaine façon la créer.

Aussi, parfois à la limite du reconnaissable, j’ai choisi de fixer, de retenir ce qui dans un passage fugitif affirme une particularité de l’artiste.

L’ombre transpire l’être et le dissout dans l’inquiétante étrangeté qu’elle peut susciter.

Cette série est volontairement limitée à vingt et deux pièces en raison des particularités liées à « 22 ». Il ne me paraissait pas souhaitable de faire tous les artistes de la côte. Cette collection est donc faite d’individualités qui me sont proches par, entre autres, les circonstances de leurs rencontres. Contrairement à d’autres séries, j’ai ici demandé à chaque artiste l’autorisation de « prendre son ombre ». Je tiens donc à les remercier de s’être « prêtés » de bonne grâce à cette prise. Ils enrichissent ainsi notre patrimoine. Chaque pièce est accompagnée d’une « Note de circonstances », contexte qui fixe le cadre de la prise.

Ombres présentées

Alocco. Altman. Arman. Ben. Boisgontier. César. Chaccalis. Chubac. Dolla. Fahri. Gilli. Hains. Nivése. Pagès. Mas. Serge III. Sosno. Tobiasse. Tomek. Venet. Verdet. Villers.

Historique du travail

En prenant de l’importance l’ombre a glissé progressivement dans ma vie et s’y est artistiquement installée. « Etre dans l’ombre » se transforma peu à peu grâce à la cage à mouches (autre production mythique de l’artiste) en « l’Etre de l’ombre ».

Je retrouvais en effet dans la Genèse 1/27 : « Eloïm créa le terreux Adam selon son ombre ». Cet être de nouveau posé me permit d’entreprendre un tour d’ombre et de débuter un travail avec deux projections : l’ombre du Diable et celle du Peu. L’ombre du diable : il s’agissait d’un petit chariot de transport nommé Diable. Peu, la lettre P phonétiquement apprise « peu » découpée en relief, dispensait l’ombre du peu.

Simultanément débutait la rédaction de « l’épaisseur de l’ombre » livre qui, entre autre, insistait sur la qualité des ombres. A l’occasion de la tenue d’un séminaire de psychanalyse j’exposais dans une conférence le concept du « stade de l’ombre ».

C’était l’été, je commençais mon parcours d’ombre en saisissant ma matière à des inconnus. A la même époque débutait ma collection d’artistes ici présentée.

Sur l’ombre : Expo collective « Le Diable » 1990. Le Peu « D’ombre » expo personnelle Galerie Ferrero 1989. L’ « Ombre » séminaire de psychanalyse P.Amoyel Nice Fac, 1990 et le « Stade de l’ombre » Expo personnelle Espace Giletta 1990, et le « Manifeste de l’ombre » « Fleurs de l’ombre » Galerie Ferrero oct. 1992.
Sur Jean Mas documents historiques à consulter : « A propos de Nice » catalogue édité Beaubourg 1977. « Chroniques Niçoises » Musée de Nice Tome Il 1973 1991
Livres : « L’or bleu ou Ecole de Nice ? » , « De la cage à mouches » Editions Z’éditions. « L’épaisseur de l’Ombre » Editions Gilletta.

Le manifeste de l’ombre

Il faisait partie de la « performas » donnée à l’occasion de l’exposition parcours d’ombres (Espace J. Gilletta janvier 1990)
Il fut déclamé au public. Il s’agit du premier texte lu : il est fondateur de la démarche de l’Artiste, de son esprit.

1 La peinture me disait un professeur, c’est l’art de poser les ombres. La figure occulte de l’ombre traverse et pose notre culture. Après avoir posé les ombres il s’agit maintenant de les lever. Je dénonce ici les photographes qui se sont emparé de l’ombre des peintres.

2 Il est des manières dans l’art de dresser les ombres qui témoignent d’une urgence. Faire état de l’ombre dans le monde, c’est en fait la considérer dans tous ses états et je dénonce ici les Etats qui dans les prisons redoublent l’ombre par des trouées d’ombres dans lesquelles croupissent opposants et artistes divers.

3 Faire lever des ombres c’est, dans le long travail et l’attente, établir la réalité du stade de l’ombre qui précédant celui du miroir introduit la perspective de l’Autre. Et je dénonce ici les psychanalystes qui ignorent la réalité par moi avancée : celle du stade de l’ombre.

4 Retroussez vos manches, produisez des ombres, vendez des ombrelles je dénonce ici les ombrelles de mauvaise qualité.

5 L’ombre du style dans le cadran solaire nous donne une indication : à la mesure de l’ombre se fait jour des données nouvelles. Je dénonce les architectes qui ne se soucient pas de la qualité des ombres qu’ils engendrent.

6 Retournez à l’ombre, mettez-vous à l’ombre, ne vous contentez pas du marché de l’ombre car si je dénonce ceux qui tapis dans l’ombre attendent la proie, je vous exhorte à vous défaire du soleil noir.

7 Entrer dans la peinture, pleine lumière sur les ombres, soyez l’ombre de vous même tout en sachant qu’il n’y a d’ombre que du sujet dénonce ici la périphérie des illusions faciles.

8 Il y a des ombres qui rendent fou : les micro ombres sont dangereuses car leurs répartitions anarchiques mettent en péril la qualité de la bonne ombre et je dénonce les ombres qui empoisonnent notre quotidien.

9 Aussi pour lutter efficacement contre l’effet néfaste de telles ombres nous dresserons dans tous les lieux publics des cages à mouches dispensatrices de l’ombre bénéfique. Et je dénonce les politiciens qui feront ombrage à ce projet.

10 Sans ombre pas d’écriture possible, pas d’histoire possible, pas de culture possible. L’ombre préfigure le signe, c’est elle qui a permis la trace première et je dénonce les classifications culturelles qui omettent cette réalité.
Pour une certaine idée de l’ombre je vous présente une naissance : le livre en vente « l’épaisseur de l’ombre ».

11 Le jeu de l’ombre c’est remettre l’ombre à l’inconnu qui la revendiquera comme sienne. Aussi cette ombre prise le 12 oct. 1989 est dans l’attente de son maître. Je dénonce les voleurs potentiels d’ombre.

12 Dans la lutte menée contre les mauvaises ombres, l’ordre de la cage à mouches est une distinction au sortir de l’ombre et je dénonce tous ceux qui dénoncent.

(A suivre)

Toutes photos : Bibliothèque Nucéra (Extrait du Film de Laurent Melis)

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Artiste(s)

France DELVILLE

Ecrivain, critique d’art, auteur de monographies, catalogues de musées et galeries, Livres d’arts, Contribution aux revues Go, Kanal, Alias, Caute/Hors,Lieux, Psy Spi (Editions Fiat Lux), Contribution aux journaux Art. Thèmes , Art Jonction Le Journal 1997, Le Patriote, traductrice (Le Nid du (...)

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