- Elisabeth Carecchio
« Il avait un doute, un doute cardiaque. Il a pris rendez-vous chez un scintigraphe. Mardi 14 h 30 ! D’accord. On lui a donné à boire un liquide radioactif. Il l’a bu et quelques heures après, il a vu son coeur sur un écran. Son coeur faisait des étoiles. Au début, ça l’a un peu inquiété toutes ces étoiles autour de son coeur mais le médecin l’a rassuré : tout est normal, il a dit, votre coeur scintille, c’est bien ! ». Ce sont les premiers mots de Jacques Gamblin lâché sans filet dans l’arène du théâtre. C’est qu’à force de se poser toutes sortes de questions aussi saugrenues qu’innocentes ou cocasses, il a fini par coucher sur le papier toutes ses humeurs et laisser la musique venir décompresser les mots. Sur scène, personne mieux que lui ne pouvait incarner ses petites histoires surréalistes, poétiques et absurdes, qui lui trottaient dans la tête : celle d’une vache lassée de ses prix de beauté qui se souvient de l’amour, ou celle encore d’une girafe au cou si long qu’il finit par se nouer... Guidé par la petite lumière qui brillait, là, au bout des mots, il leur donne vie et mouvement, entouré de deux danseurs pour incarner ses pensées oniriques. Le coeur de son héros, cet homme blessé qui cherche à guérir de sa rupture, scintille à nouveau quand enfin les corps se frôlent et s’illuminent...