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Fin de cet événement il y a 5 mois - Date du 12 juillet 2023 au 5 novembre 2023

L’univers de Germaine Richier

Germaine Richier fait l’objet d’une grande rétrospective au musée Fabre de Montpellier jusqu’au 5 novembre.

Autant le dire tout de suite : dans ce bâtiment immense, abritant de riches collections, mieux vaut ’cibler’ directement l’exposition temporaire consacrée à la sculptrice car la déambulation dans les galeries, les salles et les étages des différentes ailes est certes passionnant mais très chronophage.
Les collections - 2 000 tableaux, 300 sculptures, 4 000 dessins, 1 500 gravures - se présentent au visiteur sur un parcours de près d’un hectare !
D’ailleurs le billet d’entrée reste valable jusqu’à la fin de cette manifestation et permettra de prendre tout son temps pour admirer aussi les chefs d’œuvres de Véronèse, Zurbaran, Rubens, Delacroix, Bazille, Courbet, jusqu’aux acteurs du mouvement support surface comme Viallat, bien connu à Nice, Bioulès ou Dezeuze.

Un monde étrange

Vue de l’exposition ©M.L

Parce qu’elle a renouvelé l’art de la sculpture au XXe siècle, Germaine Richier a été la première femme à être célébrée de son vivant. Elle a beaucoup exploré : bestiaire, sculptures hybrides, estampes, dessins sur calque, œuvres extraites de l’anatomie humaine jusqu’aux passionnantes expérimentations des dernières années de sa vie l’amenant aux confins de l’abstraction et même de la couleur. On retrouve parfois dans ses créations des impressions sinon des influences de Giacometti et de Picasso, de Braque et de Chagall, autant de signes d’un voisinage intellectuel et esthétique dans cet après-guerre qui fut si fertile à la création.
Elève de Bourdelle, elle travaille sur modèle vivant, maniant avec rigueur le compas pour reproduire les proportions justes de ce qu’elle considère comme une architecture humaine. Cependant, des élégantes premières sculptures qui l’ont très tôt fait remarquer - dont le ’Loretto’ acheté par l’État en 1937 et réalisé dans le style classique des représentations réalistes - l’artiste oblique très vite vers un art plus personnel, plus radical, se nourrissant d’un univers légendaire emprunté aux mystères de l’existence et au sens du tragique.

Elle va choquer de bonnes âmes et même créer un scandale avec son ’Christ du plateau d’Assy’, dont le corps se confond avec la croix, et qui fut à l’époque jugé par l’institution catholique comme un attentat, « une défiguration morbide et grotesque du rédempteur  ». Ce Christ, trop réaliste, œuvre humaine donc choquante, inspiré par ses souvenirs de Ravensbrück, fut alors proscrit de la petite église de montagne par l’évêque d’Annecy. Il ne retrouvera sa place que vingt ans plus tard, en 1969, et fut dans la foulée classé Monument Historique.
«  Notre époque est pleine de griffes », disait-elle, « pour moi dans les œuvres violentes il y a autant de sensibilité que dans les œuvres poétiques. Il peut y avoir autant de sagesse dans la violence que dans la douceur ».

Sans oublier Soulages bien sûr...

On ne quittera pas le musée Fabre sans visiter les salles consacrées à Soulages, autre artiste attaché à Montpellier et à sa région.
Un important hommage lui est rendu par la présentation d’un ensemble de toiles peintes au cours de ses dix dernières années de création.

Toutes les informations sur le site du Musée Fabre.

Photo de Une (détail) DR M.L

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