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CINEMA : Cinémabrut : un genre à part entière ! - Entretien avec le collectif Cinémabrut - Propos recueillis par Alina Gavril - Juillet 2010

Le film 100% autonome pour des films 100% indépendants démarre demain à Mouans-Sartoux. Pendant trois jours, le collectif Cinémabrut propose une sélection de 33 œuvres, courts ou longs métrages, documentaires ou fictions, sélectionnés après un patient visionnage de plus de 200 films.

Entretien avec le collectif organisateur : Pat Marcel, Pascal Cadaré, Vincent Popignoli, Julien David, Olivier Raygade, Yoan Boselli, Jérôme Thorel, Jérémie Tripet...

Le Festival du cinéma brut fête sa cinquième édition. Pouvez-vous nous
parler de l’origine et des débuts de ce festival qui connait un vrai
succès parmi le public local et national ?

Tout est parti il y a huit ans autour des House Movie Party, des projections de films « sauvages » organisées aux Voûtes, à Paris, tous les mois environ, en 2002-2003... L’idée a ensuite germé d’organiser un vrai festival dédié à ces films auto-produits, qu’ils soient improvisés ou super construits, mais qui ne trouvaient pas de visibilité, à part dans leur coin sur internet... Au même moment l’un de nos membres, Pascal Cadaré, qui vit à Nice, a été amené à rencontrer les responsables
culturels de la ville de Mouans-Sartoux, il leur a soumis le projet et ils ont tout de suite sauté sur l’occasion pour qu’il existe. Ici, la politique culturelle est un peu atypique pour les Alpes Maritimes, ils sont à l’écoute, savent prendre des risques — et ils possèdent des structures d’accueil qui ne laissent pas indifférents, notamment l’écran géant sur les remparts de leur château médiéval... Les trois premières années, on s’est amusé à programmer nos trois jours en plein festival de Cannes, histoire de pirater à notre façon cette grande foire du cinéma bien pensant... Depuis 2009, on a décalé l’événement au mois de juillet, d’abord parce que c’est tout simplement plus facile de loger du monde dans le coin qu’au mois de mai, et ensuite, sur le fond, disons que nous ne jouons tout simplement pas dans la même catégorie. On sent vraiment qu’il y a une place pour créer un vrai rendez-vous autour du cinéma « indépendant », où l’autogestion créative est le moteur du projet pas un artifice mondain qu’on affiche dans les cocktails...

Le collectig cinémabrut / Photo Heike Janichen

Peut-on présenter le festival du cinéma brut comme le festival du cinéma
de genre ?

Le cinémabrut devient un genre à part entière. C’est le constat qu’on peut faire au bout de 5 éditions. D’ailleurs on l’écrit comme un mot commun, « cinémabrut », en un seul mot... Ce genre ne dépend pas de l’histoire, du propos du film, mais d’une attitude, d’un esprit, d’une posture face à la création. L’esprit cinémabrut, c’est « j’ai l’idée, je le fais ». « Je n’attends pas de numéro de visa, ni d’avance sur recettes, ni d’encadrement de production. Je le fais ». Ce qui nous intéresse, c’est de mettre en lumière des films où l’énergie, l’imagination des auteurs est toujours une priorité. Georges Lautner, le grand réalisateur, qui a signé quelques succès interplanétaires avec Michel Audiard, a accepté d’être notre parrain en 2007 lors de notre 2e édition : « je veux défendre un cinéma qui cherche la liberté, un cinéma qui repose sur la seule imagination délirante des réalisateurs ».

Après un siècle de cinéma, peut-on encore inventer ?

Bien sur, il y a même tout à inventer, et pas forcément à réinventer. On est au début, aux prémices d’une nouvelle génération de « faiseurs d’images » et d’auteurs qui peuvent grâce à la révolution numérique actuelle avoir accès à des outils puissants de création audiovisuelle. On est un peu dans une période qui ressemble à l’invention de l’imprimerie quand des générations de poètes cherchaient un moyen de
diffuser leurs œuvres.

Avez-vous privilégié certains axes de réflexion dans la sélection des
films présentés au long du festival ?

On a choisi de ne pas « thématiser » les projections. On fonctionne au coup de cœur, on est trois programmateurs, comme ça il y a toujours une majorité. Ce qui nous plait c’est la diversité, mélanger les formes de narration, et de surprendre... On met un point d’honneur à trouver des longs métrages, dans l’autoproduction c’est plus rare. Cette année par exemple, on a programmé à la fois une fiction délirante sur les zombies signé Winschluss, qui n’est autre que Vincent Paronnaud, le
co-réalistauer de Persepolis. Il a autoproduit « Villemolle 81 » pour s’amuser avec ses amis, et le résultat est délirant. Dans le même temps, on programme aussi un long métrage documentaire signé Xavier Ladjointe, un jeune vidéaste de Cannes qui raconte son aventure de militant débutant après avoir acheté sa première caméra...

Y trouvera-t-on aussi bien des films anciens que des films contemporains ?

Non, aucun films anciens, ce ne sont que des autoproductions récentes. Ce qui nous intéresse c’est de découvrir les poètes cinéastes d’aujourd’hui.

Comment le collectif organisateur a évolué pendant ces années : est-ce
toujours la même équipe depuis le début qui porte et fait vivre ce
festival ?

Oui à peu près la même équipe. On est parti d’un noyau dur de cinq six personnes pour se retrouver tous les ans avec une cinquantaine de bénévoles, qui reviennent souvent deux ou trois fois de suite pour participer à l’aventure.

Vous avez privilégié la communication de ce festival par le biais de
nouvelles technologies, notamment le réseau social Facebook. Pourquoi
pas un festival 100% sur Internet ?

Ah ça non ! On est déjà très présent sur Internet, il faut y être pour rameuter des adeptes, les œuvres s’échangent déjà beaucoup comme ça... Mais l’intérêt d’un festival, c’est d’abord la rencontre, la confrontation du public et des réalisateurs, ou des réalisateurs entre eux... Si c’est pour remettre des prix virtuels à des films diffusés sur le web, ça ne nous intéresse pas. Le grand écran et la salle noire, ça
reste encore le moyen le plus magique pour découvrir des films...

Vous décernez plusieurs prix dans le cadre du festival « Cinémabrut »…Qu’est-ce que cela apporte aux lauréats ?

Trois prix seulement sont décernés chaque année, comme aux JO — Brutal d’Or, d’Argent et de Bronze. Parfois des mentions spéciales viennent étoffer le palmarès... Ça donne à un film une notoriété ponctuelle qui peut aider les réalisateurs à enrichir leur réseau et rebondir sur d’autres festivals...

Comment trouver la notoriété dans cette période où les aides économiques
sont de plus en plus rares ?

C’est sûr qu’en période de « crise », ce genre là, par définition très économique, ne peut qu’exister. En aucun cas il ne peut être fragilisé, comme c’est le cas pour la majeure partie de l’industrie du cinéma, par la moindre récession économique.

Est-ce un festival ouvert à tous ?

Ouvert à tous, oui, sauf que certains films sont plutôt réservés à un public averti, disons aux plus de 14/16 ans... Quand on parle de liberté créative, ça veut d’abord dire que les auteurs ne s’autocensurent pas, et parfois le résultat est parfois choquant.

Y a-t-il également un « marché du film brut » sur place, les acheteurs TV et les réalisateurs sont-ils impliqués lors de cet événement ?

Non, pas encore de « marché » au sens de ce qui existe déjà dans les autres festivals, où les producteurs viennent à la pêche aux projets. Grâce au festival les auteurs peuvent déjà s’échanger leurs expérience de distribution, de tournage... La variable économique dans l’autoproduction, elle reste à inventer... C’est sûr qu’elle échappera à une forme industrielle. Ce sera plus artisanal.

Pour finir en beauté, quelles autres surprises alimenteront les soirées ?

Tous les soirs, de vendredi à dimanche, on ouvre la séance de nuit en plein air par une série de concerts, et après la projection la fête se poursuit avec des DJ de la région, comme Mr Rêve, Chaar Masala ou PHB... Et puis cette année les Master of Ceremony sont les deux compères du site déjanté 10minutesaperdre.fr, Baptiste et Mectoob — lui participe au festival depuis ses débuts, c’est l’un des fondateurs du groupe Joe La Mouk. De quoi passer un bon moment dans notre espace lounge installé pour l’occasion dans les jardins du Chateau.

AVERTISSEMENT : cette bande annonce est susceptible de heurter les jeunes personnes de moins de 18 ans et les personnes sensibles.


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