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Musée Peynet

L’histoire de ce Musée est une histoire d’amitié : entre un homme et une région. L’attachement de Raymond Peynet pour la Provence, la Côte d’azur et plus particulièrement la région d’Antibes naît des premières vacances passées en famille au bord de la Méditerranée en 1947. Charmés par le village de Biot, Denise et Raymond Peynet vont faire l’acquisition d’une ancienne tour sarrazine qu’ils aménageront amoureusement au rythme des vacances scolaires, tout en
conservant leur résidence principale sur la capitale.

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Pyenet

Né le 16 novembre 1908 à Paris, enfant d’Auvergnats propriétaires d’un café dans la capitale, le jeune Raymond entre à 15 ans à l’école Germain Pilon, future école des arts appliqués à l’industrie. À l’issue de ses études, il occupera son premier petit boulot chez un fabriquant d’étiquettes où il sera un peu « l’homme à tout faire ». En 1930 il entre chez un grand publiciste, Tolmer ; son trait s’affirme, sa carrière prend tournure. Il va commencer à vendre ses dessins auprès de plusieurs quotidiens à la mode, Le rire, The boulevardier, Fairchild’s international, Pour lire à deux, Ric et Rac…

La guerre va interrompre momentanément ce début de carrière : mobilisé, fait prisonnier, il s’évade pour rejoindre son Auvergne natale. L’histoire veut qu’il ait remis en 1943 devant le kiosque de Valence un pli confidentiel à un correspondant, et que, dans l’attente de l’arrivée de celui-ci, soient nés de son crayon les célèbres Amoureux, baptisés ainsi par le rédacteur en chef du journal Ric et Rac, Max Favalelli.
Sa carrière, menée de « main de maître » par son épouse Denise Damour épousée en 1930, va connaître un véritable tournant puisque, malgré de nombreuses créations pour les illustrations de pièces de théâtre, de livres, d’auteurs célèbres, de publicités de tous genres, de dessins de presse toujours plus nombreux, les Amoureux vont devenir le fil conducteur de sa production.

Des années 50 à la fin des années 70, le petit couple va apparaître partout, toujours dans la presse bien entendu, mais aussi dans des domaines diversifiés tels que la création de porcelaines (Rosenthal ou Couleuvre), de bijoux fantaisie (Murat), de soieries (Baccarat) ou encore des petites poupées de latex.
À partir des années 70, conforté par une reconnaissance internationale – deux musées lui sont consacrés au Japon – Peynet va orienter sa carrière vers les procédés de reproductions lithographiques, avec notamment de magnifiques séries sur les Lettres de mon Moulin ou les Signes du Zodiaque.

En 1976, Peynet décide de s’installer à Antibes. Le couple va résider, quartier de l’Ilette, dans un appartement coquet proche de la mer. La ville d’Antibes, déjà habituée aux séjours de nombreuses personnalités artistiques, est heureuse de recevoir ce dessinateur et son Sénateur-Maire, Pierre Merli, va nouer rapidement des liens d’amitié avec la famille Peynet. L’artiste va dès lors participer par l’exercice de son art à l’essor de nombreuses manifestations antiboises, alternant les expositions temporaires et les affiches d’événements, tels les festivals du Bridge, la Foire aux antiquaires, les journées corses ; pour chaque rassemblement festif on retrouve les célèbres Amoureux mis en situation avec un égal humour et une même tendresse.
De cette symbiose, dès le début des années 80, va naître l’idée de la création d’un Musée consacré à l’œuvre de Raymond Peynet. L’idée est proposée par Pierre Merli à l’artiste qui, enthousiasmé par ce projet, va, en retour, s’engager à offrir près de 300 œuvres qui constitueront un fonds permanent rappelant l’immense diversité et la richesse d’une carrière longue de plus de 50 années.

Parce qu’ayant fait partie des premières grandes signatures avant-guerre dans une presse demandeuse de dessins en tous genres, Peynet va accepter dès 1995, sur proposition de la ville désireuse de dynamiser ce lieu unique, que les murs de « son » musée soient ouverts à ses contemporains, cette grande famille de dessinateurs d’humeur et d’humour qui ne dispose pas alors de lieu « officiel » d’exposition reconnaissant son art. C’est le dessinateur Plantu qui inaugurera cette nouvelle orientation culturelle en 1995 par une exposition.
En 1999 la disparition du célèbre dessinateur, trois années après celle de son épouse, ne viendra en rien freiner l’essor de ce Musée qui, à l’occasion d’une exposition sur les irrésistibles vieilles dames de Jacques Faizant, prendra la nouvelle dénomination de « Musée Peynet et du Dessin humoristique ».
La ville d’Antibes permet à ce lieu culturel de développer une politique d’acquisitions d’œuvres originales et de documents courant du xixe siècle à nos jours, en développant parallèlement un vrai programme de médiation culturelle pour petits et grands. Le fonds patrimonial initial s’est étoffé pour proposer aujourd’hui près de 600 dessins et documents dont une grande part retrace un passionnant voyage dans les méandres de l’Histoire et de ses témoins privilégiés, les caricaturistes et dessinateurs de presse.

PORCELAINES ET BIJOUX

Dans les années 50, le célèbre manufacturier bavarois Philip Rosenthal avait pour habitude de confier à des artistes le soin d’exercer leur talent sur des séries de porcelaines vierges, lesquelles étaient ensuite diffusées dans le commerce. En 1960, Raymond Peynet se risque à cette nouvelle démarche artistique. L’extrême finesse de son trait s’accommode à merveille de la sobriété et de la pureté de la porcelaine. Des séries colorisées classiques sont éditées ainsi qu’une suite de pièces beaucoup plus originales par leur dessin mais également par l’alternance du trait noir et or. Rosenthal propose également des séries de verres en cristal gravé à partir de dessins de Raymond Peynet.
En 1950, le bijoutier Murat lance la fabrication en série de bijoux fantaisie à l’effigie du couple, en or 18 carats ou plaqués or ou argent. Ces bijoux sont proposés dans de charmantes petites boîtes en forme de cœur. Certaines médailles sont fabriquées en Italie à Arezzo. Comme pour les poupées mais à un degré moindre, cette production est un énorme succès qui perdurera pendant une quarantaine d’années. Aujourd’hui un bijoutier joaillier réalise de nouveaux bijoux à Valence (26).

LES POUPÉES PEYNET

À l’aube des années 50, les galeries Lafayette de Paris inaugurent le nouveau concept – toujours d’actualité aujourd’hui – des vitrines animées durant les fêtes de fin d’année. En 1956, Raymond Peynet est contacté et accepte de réaliser un ensemble d’une dizaine d’automates représentant un « concert céleste ».
C’est à partir de ces modèles grandeur nature que la société Technigom à Montrouge a l’idée de fabriquer une petite poupée de 21 centimètres, en mousse de latex et habillée façon « mode ». Déclinée par la suite en 250 variantes très différentes les unes des autres, elle avait en plus des innovations déjà citées, l’avantage d’être malléable, supportant une manipulation enfantine – fait inédit jusqu’alors – et remisant la traditionnelle poupée de chiffons ou de porcelaine dans les vitrines. Commercialisée en coffret, le succès est fulgurant, puisque environ six millions d’exemplaires sont vendus.

Un mot sur la fabrication

Les poupées de latex étaient coulées dans des moules, ce qui explique la petite nervure le long de leur corps ; les costumes étaient dessinés par Peynet puis réalisés individuellement par de « petites mains » rémunérées à la pièce. Aujourd’hui, le latex fabriqué dans les années cinquante ne supportant pas le contact de l’air, un processus irréversible de désagrégation s’est généralement opéré sur chaque poupée ; en effet, le latex noircit et se brise.

PEYNET ET LA PRESSE

En l’an 2000 le musée Peynet et du Dessin humoristique proposait une exposition intitulée « Peynet aux quotidiens ». Cette manifestation était constituée d’une centaine de dessins originaux accompagnés de leurs journaux d’époque, de The boulevardier à Ici Paris ou France Soir en passant par l’inévitable et historique Ric et Rac.
De 1930 à 1970, Peynet fut un dessinateur de presse de tout premier ordre dans une période prolixe (Aldebert, Sennep, Dubout, Gus, Carrizey, etc.)
Ses dessins, toujours tendres mais jamais totalement innocents, avaient une grâce singulière pour traiter de sujets d’actualité parfois tout à fait sérieux. La diversité du talent de l’artiste se ressent entre dessin politique (Paysage, 1946), illustration (Procès galants dans le journal Scandal, 1933), humoristique et caricatural (Jeu de cartes dans France Soir, 1954).

L’ILLUSTRATION

La réalisation de décors de théâtre (notamment pour le théâtre de La Huchette) ou encore l’illustration d’ouvrages d’auteurs réputés tels Labiche, Musset, Anouilh, Courteline puis Daudet permettent à Peynet de diversifier son œuvre et de laisser libre cours à sa création sur de nouveaux supports. Gouaches des décors créés pour : Chapeau de Paille d’Italie (1851) d’Eugène Labiche, On ne badine pas avec l’amour (1834) d’Alfred De Musset ou Ah ! Jeunesse (1894) de Georges Courteline.

LITHOGRAPHIES

Deux séries réalisées par Raymond Peynet ont connu un succès tout à fait exceptionnel, et ce malgré leur présentation luxueuse ; elles furent vendues en tirage limité par souscription. D’une part les Signes du Zodiaque, eaux-fortes aquarellées, réalisées dans les années 80, ces œuvres furent accompagnées de textes remarquables écrits par des grands écrivains tels Paul Guth, Louis Pauwels, Guy Breton, Louis Amade.
D’autre part, la série des Lettres de mon moulin, lithographies également éditées dans les années 80 illustraient les textes d’Alphonse Daudet. Les dessins de Peynet prenaient place en première ou en dernière page du texte.

PEYNET AFFICHISTE

Ce qui différencie Peynet de ses contemporains, c’est une capacité à diversifier son travail dès le début de sa carrière. Chacun de ses « collègues » avait – peut-être à l’exception de Dubout – une spécialité, alors que Raymond Peynet, en débutant par la publicité, devint par son dessin imaginatif un « touche-à-tout » très demandé.
Publicités et affiches de toutes sortes viennent ainsi enrichir jusqu’à la fin de sa vie une carrière artistique aussi riche qu’hétéroclite. Son trait inimitable se trouve sur des encarts ou affiches événementielles, de films, des publicités pour des produits de consommation, de grandes entreprises, de don du sang ou de la Loterie nationale.

RAYMOND PEYNET DESSINATEUR PAR THEMES

À l’instar de nombreux dessinateurs de presse, Raymond Peynet a réalisé des « séries » de dessins autour de thèmes. Curieux de tout et désireux d’associer humour et esprit d’observation, de nombreux dessins réalisés dans les années 70 à l’encre de Chine évoquent l’âme de cet artiste-voyageur à travers le monde. De la même manière, on découvre des dessins autour du thème traditionnel de Noël, avec un même sens aiguisé d’un humour jamais déplacé.

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