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THEATRE : "Des jours et des nuits à Chartres" - Théâtre National de Nice (TNN), du 24 septembre au 23 octobre 2010

L’histoire que révèle Des jours et des nuits à Chartres, est le regard que peut avoir ce photographe d’origine hongroise, mais à travers lui bien évidemment, c’est aussi le regard de Mankell, un Suédois, qui vit la moitié du temps dans son pays et l’autre moitié au Mozambique, s’occupant là-bas d’une troupe de théâtre.

Capa a toujours été au coeur du théâtre des opérations, se questionnant constamment sur l’action qu’il est en train de voir et sur l’histoire qu’elle révèle.

Henning Mankell • Traduction Terje Sinding • Mise en scène Daniel Benoin
•Création en France • Avec Marie-Julie Baup, Paul Chariéras, Paulo Correia [distribution en cours]
Décor Jean-Pierre Laporte • Lumière Daniel Benoin • Costumes Nathalie Bérard-Benoin • Vidéo
Paulo Correia • Production Théâtre National de Nice - CDN Nice Côte d’Azur L’Arche est l’agent théâtral du texte représenté.
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L’HISTOIRE

"Point de départ de cette pièce est une photo de Robert Capa, réalisée à la fin de l’Occupation allemande. La photo, prise dans une des rues principales de Chartres, représente une jeune femme tondue.
Parmi les autres personnes qui y figurent, certaines sont identifiables. D’autres ne sont que des silhouettes.
Hors cadre, d’autres habitants de la ville assistent à l’humiliation de Simone. Simone était une “fille à soldats”.
Dans ses bras, elle porte l’enfant qu’elle a eu avec un Allemand. La photographie est prise au moment où on la conduit en prison, où elle attendra son procès.

Parmi les gens figurant sur la photo, beaucoup souhaitaient
l’exécution de Simone. Si elle y a échappé, c’est grâce à l’éthique des dirigeants chartrains de la Résistance, qui s’opposaient à tout lynchage. Simone ne fut pas exécutée. Mais elle fut condamnée. Elle mourut dans les années 60, détruite par l’alcool. Elle avait changé de nom, mais tout le monde connaissait son identité.

Cette pièce raconte son histoire, tout en prenant quelques libertés avec les faits. J’ai changé certains détails, ajouté certaines scènes, mais pour l’essentiel les événements se sont déroulés tels que je les montre.
Cependant, la pièce parle aussi de moi, et de tous ceux qui ont un jour regardé la photo de Robert Capa.
En d’autres termes, la pièce reflète le monde terrible et l’époque dangereuse dans lesquels nous vivons."
>Henning Mankel.

CE QU’ILS EN DISENT

"Sans l’avoir connue, j’ai toujours été extrêmement intrigué, choqué, violenté par la Seconde Guerre mondiale.

Sa fin a précédé ma naissance de quelques années, pourtant j’ai toujours eu le sentiment profond qu’elle a marqué ma vie, celle des Français et des européens.
C’est pourquoi j’ai monté de nombreuses pièces sur ce sujet, dont peut-être les plus connues ont été Deutsches Requiem, Sigmaringen (France) ou La Chienne dactylographe, des pièces influencées par l’ensemble des événements tragiques qui jalonnent la Seconde Guerre mondiale.

Peut-être est-ce le fait d’être né à côté de la frontière franco-allemande qui crée ce phénomène, en tout cas je reste persuadé aujourd’hui encore, 70 ans après l’appel du 18 juin, 65 ans après la défaite de l’Allemagne, que cette période majeure du 20e siècle nous hante toujours fortement en ce début de 21e siècle."

LE LIVRE

"Quand j’ai lu Des jours et des nuits à Chartres, j’ai été immédiatement fasciné.. Henning Mankell est ce grand auteur suédois, gendre d’Ingmar Bergman, connu dans le monde entier pour ses romans policiers mettent en scène l’inspecteur Kurt Wallander, dont on a même tiré une série télévisée primée comme la meilleure de 2009."

DE QUOI S’AGIT-IL ?

© R. Capa © 2001 by C. Capa / Magnum Photos

Du cliché que prend Robert Capa en août 1944 à Chartres, lorsque la ville est libérée et que l’épuration commence ; cette photo où l’on voit une jeune femme tondue, avec un bébé dans les bras.
C’est le rapport entre Robert Capa et cette photo qui est l’objet de la pièce. On va à la fois raconter l’histoire de la photo - qui sont ces gens, que font-ils, d’où viennent-ils, qu’ont-ils fait ? - et puis d’une certaine manière le regard que peut avoir le photographe sur la scène qu’il immortalise.

ROBERT CAPPA EN QUELQUES MOTS

Il ne s’appelle pas du tout Capa mais Friedmann. Il est juif hongrois, né à Budapest en 1913. Fuyant la Hongrie en 1931, parce qu’un amiral fasciste et antisémite est à la tête du pays depuis le Traité de Versailles, il s’installe à Berlin, qu’il quitte en 1933 - et pour cause, Adolf Hitler devient chancelier du Reich en janvier de cette même année - pour s’établir à Paris.

Il a 20 ans, il rencontre, entre autres, David Seymour et Henri Cartier-Bresson avec lesquels il fondera quelques années plus tard l’agence Magnum.

A 23 ans, il rejoint l’Espagne dès le début de la guerre civile. Il y fait les clichés que l’on connaît, dont le plus célèbre Mort d’un militant lui apportera la renommée.

Entre-temps, en 1936, il prend pour pseudonyme Robert Capa, proche du nom du metteur en scène américain, Frank Capra, en vogue à cette époque.
En 1938, il couvre la seconde guerre sino-japonaise et, en 1944, il est le seul photographe présent lors du débarquement allié en Normandie.

Finalement il va suivre toutes les guerres. Il sera le grand photographe des conflits.. Il meurt en 1954, en sautant sur une mine pendant la guerre d’Indochine.

HENNING MANKELL


Il est né après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
- Quelle perception a-t-il de ce conflit auquel son pays ne participe pas ?

"Je dirais qu’il aborde d’une manière totalement nouvelle à la fois la défaite, l’Occupation, la collaboration, la Résistance, la Libération, l’épuration, tous ces moments qui sont devenus des mots et qui ont imprégné profondément l’Histoire de France. Il les voit d’un oeil nouveau, en particulier parce qu’il sait que tous ces êtres sont très jeunes.

Les résistants se sont engagés à 17-18 ans en 1942, ils ont 20 ans lorsque la Libération puis l’épuration surviennent. D’autres, au contraire, ont basculé dans la collaboration (tel Lacombe Lucien), sans savoir exactement où ils allaient et sans avoir conscience, comme cette fille, Simone, qu’avoir un enfant avec un simple soldat de la Wehrmacht changerait définitivement le cours de sa vie.

C’est une pièce de jeunes comédiens, de jeunes comédiens très forts, très présents et je dois avouer qu’en la refermant, la toute première fois, j’ai immédiatement eu le désir de la mettre en scène. Je crois, d’une certaine manière, savoir comment aborder une telle oeuvre parce qu’elle parle d’une période de notre Histoire, celle qui m’a le plus marqué."
>Daniel Benoin., Directeur du TNN

Informations pratiques

- Centre Dramatique National Nice Côte d’Azur
- Théâtre National de Nice
- Salle Pierre Brasseur
- Promenade des Arts
- 06300 Nice
- T 04 93 13 90 90
- Mercredi, Vendredi, Samedi Du 24/09/10 au 23/10/10 à 20:30
- Mardi, Jeudi : Du 28/09/10 au 21/10/10 à 19:30
- Dimanche : Le 03/10/10 à 15:00
- Dimanche : Le 17/10/10 à 15:00
- (durée estimée 1 h.45)
- www.tnn.fr

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