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Fin de cet événement Octobre 2014 - Date du 3 octobre 2014 au 4 octobre 2014

Raoul

Personnage intemporel, Raoul se débat seul parmi des voiles battues par le vent et des mâts d’embarcations de fortune où la vie l’a engagé. Raoul, c’est James Thiérrée – petit-fils de Chaplin - qui habituellement est en scène avec sa troupe. Pour ce voyage onirique sur la solitude, il est seul avec son double et quelques animaux fantastiques qui hantent ses rêves et ses cauchemars.

Avec un foisonnement de trouvailles, l’univers imaginaire de James Thiérrée semble ne pas avoir de limites. Après « La symphonie du hanneton », « La Veillée des abysses », « Au revoir parapluie » et, plus tard « Tabac Rouge », ce magicien de l’insolite a créé « Raoul » en 2009, repris cet été dans les dorures de l’Opéra Comique de Paris et actuellement en tournée (1).

RAOUL De James Thiérrée au Théâtre Anthéa

Dans un coin de la scène, une masure toute de guingois dont, sous l’effet d’un vent infernal, un mur s’écroule pour laisser apparaître une multitude d’objets hétéroclites et Raoul ratatiné. C’est James Thiérrée lui-même, manteau en guenilles et galoches aux pieds. Puis surgit un autre Raoul, ombre du premier, ou fantôme, ou double, qui anime les objets de ses mouvements chorégraphiés et de ses pantomimes poétiques. Tandis qu’une musique omniprésente sort d’un vieux gramophone d’antan.

Dans son antre bric-à-brac, sorte de tour d’ivoire, Raoul semble courir après son ombre.

Est-ce pour masquer l’insoutenable solitude qui l’accable ? ou la stupide banalité d’un quotidien triste ? Il se touche, se palpe pour s’assurer qu’il existe pour du vrai avec des gestes à la Charlot (hommage à son grand père ?). Sans un mot, seulement quelques borborygmes, il se cogne contre les murs, perd pied, se raccroche au vide, sans rencontrer sa propre identité.

James Thiérrée orchestre un festival de performances revisitées en les croisant de manière fulgurante.

Dès l’âge de 4 ans, il traînait déjà dans le cirque de ses parents, le Cirque Bonjour, et, dès lors, il se sert de son corps pour devenir danseur, mime, acrobate, acteur, jongleur, clown triste... Pour lui, l’émotion vient d’abord du corps et, sans cesse, il explore en tous sens les métissages de langages. L’envie de montrer sur scène des images qui surgissent de ses rêves et de délires insolites, traces de son enfance qui le poursuit dans un tourbillon où le vrai et le faux sont insaisissables et indifférenciés par la puissance du rêve et les spectacles de cirque vus quand il était petit. Son principal propos est la métamorphose issue des fiançailles entre Kafka et Alice au pays des merveilles.

Son univers visuel, d’une originalité profonde et résolument poétique, est peuplée de fantômes et d’animaux fantastiques (réalisés par sa mère Victoria Chaplin).

Un poisson doré, une méduse en tissu, un oiseau préhistorique, un éléphant mécanique sont autant de visions archaïques, oniriques et époustouflantes. Ce bestiaire fantasmagorique vient visiter Raoul tandis qu’il lutte contre un décor en perdition et voltige dans les cintres. Dès qu’il franchit une frontière, il retombe dans d’autres pièges, jusqu’à un corps à corps avec son ombre. Ou avec son double, allez savoir ! A la fin, il s’envole, tel un ange.

Dans ce solo d’une heure trente, James Thiérrée explore l’impossible gestion des fantasmes dans une société qui nous isole. Créateur et interprète de ce mélange de burlesque et de mélancolie, sa rage d’inventer transmet une impulsion au spectateur. Ainsi, chacun jongle avec son propre imaginaire et s’invente une histoire sur les images saisissantes insufflées par James Thiérrée.

La reprise de « Raoul » est une excellente surprise !

(1) A Antibes, au Théâtre Anthéa les 3 et 4 octobre à 20 h 30
Photo de Une et de l’article : Extraits du spectacle Raoul - droits réservés © 2013 anthéa .

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