Dans « Baisers volés » de François Truffaut, le personnage admiratif, interprété par Jean-Pierre Léaud, dit à son sujet « C’est une apparition ! » Sans doute, Raphaëlle Rousseau a-t-elle pris cette déclaration au pied de la lettre, quand, subjuguée par elle, elle décide de la faire réapparaître sur scène, avec sa voix envoûtante qu’elle imite à merveille.
Commence alors un dialogue entre elles deux, la jeune comédienne - qui crée ici son premier spectacle - et l’inoubliable actrice qui tourna avec les plus grands réalisateurs dans les années 60 et 70 !
Soutenue par quelques archives sonores de la voix de notre DS, Raphaëlle Rousseau joue donc à la fois elle-même et Delphine Seyrig magiquement réapparue, et c’est prodigieux !
Elle est successivement l’une ou l’autre et elle réussit l’impossible en sachant imiter à la perfection cette voix si particulière qui donnait des frissons lorsque les intonations de l’actrice semblaient se promener dans les phrases qu’elle prononçait avec une infinie sensualité.
Dans le public, chacun se demande ce qui est « pour du vrai ou pour du faux » (comme disent les enfants !) tellement la résurrection est parfaite ! Raphaëlle Rousseau a su créer les conditions afin que tous les spectateurs hallucinent ensemble et que la magie opère ! Delphine Seyrig est là parmi nous, apparaissant dans une astucieuse pénombre ! Elle échange des avis sur tout avec la jeune comédienne qui est la première étonnée de ce prodige, de ce rêve concrétisé.
À force de la voir comme une déesse, elle ne l’imaginait pas conduisant une voiture, mais bien sûr que oui ! D’ailleurs aussitôt l’actrice enchaîne sur le féminisme où elle fut totalement engagée. « On dit que les femmes qui sont féministes sont hystériques ! » C’est contestable et contesté par la déesse (et par les autres)... Sans être dénué d’humour, le réel et l’irréel s’emmêlent, s’embrouillent !
Complètement conquis et même emballé, le public a applaudi longuement ce spectacle (et non « tentative de spectacle »), certain que cette première pièce de Raphaëlle Rousseau ne sera pas la dernière ! Souhaitons-le ardemment !
Caroline Boudet-Lefort
