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Fin de cet événement Mai 2016 - Date du 25 avril 2016 au 3 mai 2016

Anthéa : FAUST de Goethe par le Collectif 8

Faisant le bilan de sa vie, Faust, un professeur de renom, tire un triste constat : il n’a pas su jouir de la vie et, sur le plan de ses recherches, les résultats ne sont pas mirobolants. Vendre son âme au Diable, permettrait-il au Malin de réussir à compenser ses échecs ?

Mais voilà : en fait, le Diable c’est Faust lui-même, comme il serait chacun d’entre nous. C’est ce que prouve Gaële Boghossian dans son astucieuse adaptation du mythe de Faust où les rôles s’échangent : Faust devient le Diable et réciproquement.

Et à nouveau, l’inverse. Gaële insiste sur le Mal introduit en tous en ajoutant le Kaiser et ses horreurs, quitte à alourdir son propos. Alors que son imagination était stimulée par le choc amoureux - orchestré par le Diable - entre Faust et Marguerite, tout autant pour son adaptation que pour sa mise en scène et ses costumes. Paulo Correia s’en donne à coeur joie dans son interprétation de Faust et du Diable. De plus, en tant que vidéaste, il fait un sabbat et notre bonheur, avec la maîtrise hypnotique d’effets vidéo qui circulent jusqu’au fond de la scène d’où apparaît la ravissante Marguerite (Mélissa Prat).

Grâce à ses images, le spectacle parle autant à l’oeil qu’à l’esprit. Un kaléidoscope de sensations, d’émotions et de frissons qui nous transporte de visions ésotériques en images de guerre, d’élévations religieuses en chaleurs de l’enfer, de rêveries fantastiques en effets musicaux.

Faust trouve mille excuses à ses forfaits, se justifie, charge l’autre, le Diable qui est partout, même dans l’acte sexuel associé au péché. S’il procure un temps du plaisir, le Mal fait mal dans un monde dévasté par la violence où la guerre incendie tout. Un duel entre le Bien et le Mal s’introduit dans l’affrontement entre le Malin et la naïve Marguerite toute en confiance, prête à se laisser séduire, tandis que les flammes du désir la consument.

Difficile pour elle de lutter avec le cynisme et avec le torrent perpétuel d’inventions cinglantes de la musique de Clément Althaus, qu’il interprète lui-même sur scène. Alternativement, Paulo Correia et Fabien Genon se partagent les personnages de Faust et du Diable avec un machiavélique talent. Tous sont formidables dans cette judicieuse production d’Anthéa !

Anthéa – Théâtre d’Antibes jusqu’au 3 mai

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