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Fin de cet événement Novembre 2014 - Date du 12 novembre 2014 au 18 novembre 2014

Turandot

Pour le mois de novembre (1), l’Opéra de Nice propose « Turandot », drame lyrique en trois actes de Giacomo Puccini sur un livret de Renato Simoni et Giuseppe Adami. Le compositeur s’est éteint en 1924 avant d’avoir achevé l’orchestration. Utilisant les quelques notes laissées par le musicien, son disciple Franco Alfano a achevé l’oeuvre. C’est le final de Luciano Berio qui est programmé à Nice.

En quête d’un sujet d’opéra qui sorte de l’ordinaire, Puccini a trouvé « Histoire du prince Calaf et de la princesse de Chine », une oeuvre du dramaturge vénitien, Carlo Gozzi qui s’était lui-même inspiré d’un conte persan.

Puccini s’enthousiasme pour le sujet de « Turandot » qui n’a rien de comparable avec ceux qu’il avait mis en musique jusque-là. Il n’est plus question de drame réaliste, mais d’une pièce merveilleuse, symbolique et à grand spectacle. Située dans une atmosphère chinoise, Gozzi y a cependant introduit des figures de la commedia dell’arte italienne, transformées en Ping, Pang et Pong, trois ministres chinois dans l’opéra de Puccini.

Dans une imaginaire Chine médiévale, une princesse barbare cherche l’amour tout en imposant une cruelle loi à ses prétendants : répondre à trois énigmes insolubles ou mourir décapités. Cependant, Turandot étant d’une sublime beauté, tous les hommes tombent à ses pieds, malgré sa cruauté. Subjugué, un beau prince étranger, le mystérieux Calaf, tente sa chance et réussit à répondre aux énigmes. Devant la résistance de la perdante, il lui en impose une à son tour, elle devra dire son nom avant le lever du jour. « Amour » est celui que prononcera la princesse, complètement vaincue.... Mais, ce sera après la mort de la jeune Liù qui s’est poignardée pour ne pas risquer, sous la torture, de trahir Calaf.

Avec cette trame orientale d’une grande intensité dramatique, Puccini écrit sans doute l’un de ses plus beaux opéras, pourtant resté inachevé par sa mort.

Afin de ne pas laisser le spectateur sur sa faim, divers compositeurs l’ont terminé grâce à quelques notes laissées par Puccini. Si le temps voulu lui avait été accordé, il aurait peut-être trouvé une autre solution que l’humanisation de Turandot et ce happy end.
Avec l’introduction de thèmes musicaux chinois authentiques et de sonorités typiquement orientales, tels des gongs, « Turandot » est l’oeuvre la plus mûre et la plus réussie de toute la production de Puccini. Elle reflète l’aboutissement de son itinéraire artistique et « Nessun dorma ! Personne ne dort ! » est l’un des morceaux parmi les plus célèbres du répertoire.

La mise en scène de Federico Grazzini est magnifique : à la fois sobre et somptueuse, mais sans esbroufe.

Dominés par le blanc et le noir, avec un camaïeu de gris et quelques taches de couleurs aux tonalités éteintes, les décors d’Andrea Belli et les costumes de Valeria Bettella s’harmonisent jusque dans le maquillage des choristes aux visages et crânes blafards. L’utilisation de la vidéo est discrète avec un cercle dans lequel semble tourner le globe terrestre se transformant en têtes des décapités qui évoquent les lunes imaginées par Méliès pour son fameux « Voyage dans la lune ».

Dans le rôle du ténébreux Calaf, l’excellent ténor Alfred Kim domine une très bonne distribution, dans laquelle se distingue Ilia Papandreou dont la voix de velours apporte au personnage de la douce et fidèle Liù toute l’émotion requise. Pour incarner Turandot, la soprano Irina Rindzuner a une voix très métallique, ce qui est sans doute nécessaire afin d’exprimer la dureté de cette cruelle héroïne. « Turandot » est le seul opéra où Puccini donne au choeur un véritable rôle. Évoquant la Chine de fouilles archéologiques plutôt que celle des ors et rouges habituels, la mise en espace des choristes sur la scène ajoute au spectacle un caractère fantastique, souligné par des jeux d’ombres grâce aux lumières de Patrick Méeüs.

Dans la fosse, Roland Böer sait insuffler à l’Orchestre Philharmonique de Nice le lyrisme et l’audace nécessaires à cette partition.

Pour vous donner à voir cet opéra avant de découvrir celui mis en scène à Nice, ci-dessus représentation au Royal Opera

(1) Mercredi 12 vendredi 14 Dimanche 16 et mardi 18
Photo de Une : extrait d’un représentation de Turandot au Met Museum - Tous droits réservés

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