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COLLECTION : Le côté obscur du Docteur Massini

« Est-ce que ce sont les mêmes hommes qui aiment, qui construisent des œuvres admirables, qui tuent ou se sacrifient ? C’est pour moi une énigme. J’attends de l’art qu’il m’aide à comprendre la nature ambivalente de l’être humain. » (Bernard Massini).

Bernard Massini dans son bureau au Régina

Cette phrase prend tout son sens à la vue de l’exposition E-motion, collection Bernard Massini, à la Fondation Maeght jusqu’au 17 mars.
Depuis sa première acquisition, alors qu’il avait 20 ans, il n’a eu de cesse de constituer son impressionnante collection de plus de 450 œuvres. Passionné d’arithmétique, Bernard Massini, niçois, est neurochirurgien.
« Ma collection est sans doute raisonnée, mais il y a aussi dans cette quête quelque chose de purement sensible, je renouvelle l’émotion artistique ressentie dans cette galerie de Nice lors de la vision de ce premier tableau, qui fut mon premier choc esthétique personnel et ma première acquisition. » (Bernard Massini, extraits du catalogue de l’exposition). Il achète alors « Les Pommes » d’Emile Marzé. En tout, il achète deux toiles d’Emile Marzé : " « J’ai acheté la première en payant sur 10 mois et la seconde 30 ans plus tard ». Ces deux tableaux sont les prémices d’une collection qu’il qualifie de « collection émotion » " (Propos recueillis par Olivier Marro pour le numéro d’Art Côte d’Azur de février 2010). Puis, il ajoute « Je suis un hypersensible qui a appris à contrôler ses émotions ». Prémonition au titre de son exposition actuelle, mais aussi et surtout maître-mot de sa collection. Le côté sombre est assumé, cependant il y a surtout chez Bernard Massini la passion d’être en compagnie des artistes et la fascination pour leur travail.

"Les Pommes " d’Emile Marzé (1968)


Les œuvres présentées à la Fondation Maeght sont d’une diversité incroyable. C’est le fruit de toute une vie de recherches et d’amitiés artistiques. Il est évident que Bernard Massini a rencontré la plupart des artistes dont il détient les œuvres. Ces dernières ont pour point commun un certain côté obscur. Malgré les couleurs vives de certains tableaux, ils contiennent tous une mélancolie, parfois une colère. La rage de vivre est l’égale de la rage de créer, même si la Fondation Maeght peut apaiser la violence parfois contenue parfois explosive. Les nombreux personnages de certaines œuvres d’une très grande taille, répétition d’un modèle toujours ou jamais le même, semblent nous observer, nous paisibles visiteurs d’une matinée ensoleillée.

"The Barber-shop-painting" de George Condo (1985)
© ADAGP
"2 Black Men" de Léon Golub (1990)
© ADAGP


Depuis l’exposition Arcadia In Celle, Collection Gori (voir notre article http://www.artcotedazur.fr/lieux-d-expo,194/musees,197/fondation-maeght-st-paul-vence,243/exposition-arcadia-in-celle-a-la,5344.html), le directeur de la Fondation Maeght Olivier Kaeppelin poursuit le projet de présenter au public les collections privées les plus intéressantes de notre époque.

Une fois de plus, la Fondation Maeght nous éblouit par la perfection du commissariat d’exposition réalisé par Monsieur Kaeppelin, approuvé par Adrien Maeght (Président de la Fondation). Le collectionneur Bernard Massini a consenti un prêt conséquent à la Fondation Maeght. Néanmoins, il est très habitué à ce genre d’exercice et n’hésite pas à faire circuler ses œuvres. Le résultat est certainement à la hauteur de ses attentes. C’est en tous cas à la hauteur des nôtres. Et l’on ne peut qu’admirer classiquement la rencontre des grands esprits.

Sans titre de Gérald Panighi (2004)
© Claude Germain
"Têtes" d’Assan Smati (2009)
© Tobias Brackmann

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