Le film déroule linéairement la vie de l’Abbé Pierre, une personne ordinaire qui savait se mettre en colère et qui ne lâchait pas ses idées tant qu’il n’était pas parvenu à ce qu’il exigeait ! Donc, coléreux et entêté, c’est ce qui en a fait un mythe !
Né dans une famille bourgeoise, on le voit devenir moine trappiste, puis militaire courageux et curé passeur de Juifs dans les Alpes durant la Grande Guerre, ensuite député du peuple qui rage contre l’inertie du gouvernement, ou s’énervant contre les flics qui délogent les sans abris se protégeant sous les ponts du métro...
Et puis, il y eut cet hiver si froid et, là, il a poussé un tel cri que cela a secoué chacun comme un électrochoc, un cri qui n’a duré pourtant qu’une minute et quelques : il demandait de déposer des couvertures pour les « sans abris ».
Et alors il y eut des montagnes de couvertures, matelas ou autres ! Chacun y est allé de sa générosité ! Alors que le gouvernement restait inerte se contentant de compter les morts !
Dans notre période actuelle, où le paraître et l’égoïsme sont rois, une tel film ne peut que provoquer des quolibets ou des commentaires sur la forme, sans s’attacher au fond dont personne n’a que faire !
Benjamin Lavernhe (de la Comédie française) excelle dans le rôle-titre en habitant totalement le personnage et en donnant une intensité remarquable à ses immenses – mais généreuses – colères ! Le comédien est grand de taille, alors que l’Abbé Pierre était petit, mais qu’importe ! Ce n’est pas cette réalité-là qui compte, même si on peut féliciter le maquillage pour la ressemblance et le vieillissement du personnage au fil de trente années !
L’Abbé Pierre était accompagné dans son combat par une assistante qui l’aide efficacement et qui, bien souvent, tente de le calmer, tout en suivant parfaitement ses idées et ses engagements. C’est Lucie Coutaz, qu’interprète Emmanuelle Bercot.
Le réalisateur, Frédéric Tellier, a écrit le scénario avec Olivier Gorce. On ne peut faire plus émouvant que ce film qui, dès le début, vous prend à la gorge et ne vous lâche pas. D’aucuns le trouveront prêchi-prêcha parce qu’il s’agit d’un prêtre, mais qui qu’importe !
Il a réussi à faire bouger des montagnes, et reste encore célèbre aujourd’hui grâce à sa fondation des compagnons d’Emmaüs.
Caroline Boudet-Lefort