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Retour sur la Semaine de la Critique du Festival de Cannes

Lieu d’émergence de révélations, la Semaine de la Critique met à l’honneur les premiers et seconds films de cinéastes du monde entier. Des jours durant, le comité de sélection cherche à repérer les perles rares parmi les multiples films proposés. Il faut alors fixer des choix d’une diversité planétaire sur des oeuvres qui ont parfois les maladresses du débutant, en discernant la marque d’un talent à venir.
Cette année, les trophées attribués par deux jurys distincts ont été remis à un seul film « The Tribe » (La Tribu) de l’Ukrainien Myroslav Slaboshpytskiy. L’action se déroule dans un internat spécialisé pour sourds-muets où règne corruption, domination, brutalité et violence. L’originalité du film est d’être entièrement dialogué en langage des signes (sans sous-titres ni voix off) hors d’atteinte de tout spectateur qui comprend cependant ce réalisme cru et insupportable. Un seul Prix est revenu à « Hope » du Français Boris Lojkine, film très émouvant sur le drame de deux migrants noirs africains traversant le Sahara pour tenter de rejoindre l’Europe. « Gente de Bien », premier long-métrage du Colombien Franco Lolli, montre les rapports de classe entre domesticité et nantis, malgré la bienveillance de ces derniers. Premier film aussi pour le jeune Sicilien Sebastiano Riso qui a réalisé à Catane « Piu Buio di Mezzanotte » (Plus noir qu’à minuit) où un adolescent, interprété par l’androgyne Davide Capone, fuit la maison familiale et la tyrannie paternelle pour vivre son homosexualité. « When Animals Dream », du danois Jonas Alexander Arnby, nous entraîne dans le lointain village nordique d’une jeune fille qui se transforme en loup afin de découvrir sa part animale. L’Américain David Robert Mitchell présentait son second long métrage « It follows », qui, en douceur, bascule dans le fantastique. « Self Made », de l’Israélienne Shira Geffen se déroule essentiellement au check point entre Israël et la Palestine où deux femmes échangent leur vie de chaque côté de la frontière. Présenté en séance spéciale, un autre film Israélien « L’institutrice » de Nadav Lapid a obtenu un immense succès avec cette enseignante de maternelle qui découvre des talents de poète chez un enfant de 5 ans. Séance spéciale aussi pour « Respire » de la comédienne Mélanie Laurent. Une bonne surprise, comme l’a défini Charles Tesson, Délégué général de la Semaine de la Critique.
En ouverture, avait été retenu « FLA » (faire : l’amour), le second film de Djinn Carrénard qui avait étonné, en 2011, avec Donoma réalisé avec trois sous. Ici, les palabres à n’en plus finir entre trois personnages, dont un rappeur, risquent de lasser. En clôture, un film du cinéma dit populaire « Hippocrate » de Thomas Lilti, médecin de formation. Sous des airs de comédie, il met en évidence les défaillances du milieu hospitalier qui manque de personnel et de subventions. Super bien interprété par Vincent Lacoste, Jacques Gamblin et Reda Kateb, décidemment très présent sur les écrans cannois.

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