Inutile d’aller voir sur place pour l’instant : la Fondation est fermée et la dernière exposition "Au coeur de l’abstraction" est décrochée, les œuvres ont retrouvé les cabinets des collectionneurs et les institutions publiques qui les ont prêtées.
Réouverture programmée dès le 2 juillet 2023 avec une exposition consacrée à Jean Paul Riopelle, encore un ami intime de la famille, à l’instar des Miro, Braque, Léger, Giacometti qui avaient participé dans les années 60 à l’ergonomie du lieu pour en faire un centre moderne pour les artistes.
Respect des bâtiments
Aux 850 mètres carrés existant vont donc s’ajouter 500 mètres carrés afin d’augmenter les espaces dévolus aux 1 300 œuvres stockées dans les réserves de la Fondation et qui attendent de (re)voir le jour. Cet agrandissement comprendra deux galeries d’exposition. La plus grande pièce, de 400 m², n’aura pas de poteaux et sera destinée à accueillir le public pour des conférences, des projections ou des concerts. Les autres 70 mètres carrés en cours d’aménagement recevront des œuvres de dimensions plus modestes comme des dessins et des lithogravures. Ces deux pièces s’ouvriront largement sur le parc pour bénéficier au maximum de la lumière naturelle, le sol en travertin participera à la diffusion de celle-ci.
Ce lieu d’art, précurseur, n’a pas pris une ride depuis sa création et il n’était pas question de déformer ce qui fut et reste une parfaire réussite architecturale.
Isabelle Maeght, fille d’Adrien, et petite-fille de Marguerite et d’Aimé Maeght, a présenté les travaux et leurs objectifs à l’occasion d’une visite pour la presse. Sa tenue rouge blanc et noir, était, comme par fait exprès, aux couleurs de Miro. Jusqu’à ses mignonnes petites sandales à pompons.
"Augmenter par... soustraction"
"La grande question que nous nous posions était : comment augmenter la surface de l’existant sans que cela se voit ?" explique-t-elle. Défi relevé par l’architecte d’origine napolitaine Silvio d’Ascia. "Dès le départ, il nous montre deux ou trois croquis très malins, respectant l’existant et conservant son caractère de pureté". L’homme de l’art connaît les artistes, c’est son atout. Il allie sa sensibilité et les qualités d’un architecte maîtrisant les nouvelles techniques. Son idée est d’augmenter "la surface du bâtiment par soustraction, c’est un oxymore". Ainsi a t-il prévu de creuser sous l’existant "en utilisant la déclivité naturelle du terrain".
Adrien Maeght, 92 ans, est enthousiaste et prend bien soin de cette institution iconique et se projette vers le futur.
Rien n’est laissé au hasard : "on reprend la même entreprise locale qui avait déjà travaillé à la construction en 1960 et qui utilise un béton décarboné et les pierres d’origine. Nous avons même retrouvé l’ingénieur béton qui a construit ici".
Il est ravi et la belle aventure se poursuit…
