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VICTORIA De Justine Triet

Mère célibataire, une avocate trentenaire (Virginie Efira), belle blonde sexy, plutôt désordonnée et fantasque, essaie de mener de front vie professionnelle et vie familiale. Sans trop y réussir, elle trouve des solutions plutôt saugrenues, telle accepter un ancien client – un drôle de zozo - (Vincent Lacoste) comme co-locataire et baby-sitter. Ou encore, prendre en charge la défense de son meilleur ami (Melvil Poupaud), accusé de tentative de meurtre. Dans cette affaire, contraire à toute éthique, le seul témoin est un chien...

Il y a aussi le père de ses filles (Laurent Poitrenaux) qui se manifeste de loin en loin. Ecrivaillon raté, il écrit l’histoire d’une avocate qui s’acoquine avec les juges pour obtenir la réussite de ses dossiers. Bref, tout se complique et s’agite beaucoup, tout en amusant le spectateur. Incapable de poser des limites, cette héroïne survoltée empile maladresses sur maladresses, ce qui devient ressort comique. Sa vie est un tourbillon infernal dans lequel elle entraîne ceux qui sont autour d’elle, ravis mais essorés.

La mise en scène, bourrée d’adrénaline, s’avère efficace dans cette comédie enlevée de Justine Triet qui semble avoir une profonde affection pour les femmes surmenées qui superposent la casquette de mère à celle de boulot. Plus celle d’amoureuse, quand les sentiments se faufilent dans leur emploi du temps. Nous avions déjà bien ri, il y a trois ans, avec « La Bataille de Solférino » où une journaliste TV assurait le direct de l’élection présidentielle devant le siège du PS, tout en gérant les problèmes avec son ex envahissant. Même si cette fois ce n’est plus caméra à l’épaule, on retrouve le rythme agité, l’appartement en désordre, le choix d’un baby-sitter, comme si ce nouveau film prolongeait le précédent. Tout bouge tout le temps et irrigue la mise en scène enlevée tout autant que la trajectoire du personnage principal pour qui rien n’est perdu d’avance dans cette odyssée moderne d’une vie de bohême.

Complètement larguée, Victoria est plongée dans un cauchemar à la Blake Edwards. Bien sûr un cauchemar irrésistible tant Justine Triet a le don de faire rire – en contrôlant le rythme de chaque scène - des déboires de ces femmes tiraillées entre maison et boulot.

La réalisatrice, qui est également auteur du scénario, a choisi Virginie Efira pour son débit de parole et son jeu dans lequel elle ne pousse jamais l’intention. Après son passage à l’écran cathodique en Belgique, puis en France, l’actrice trouve enfin un rôle qui lui permet d’éclater sur le grand écran. Son énergie est si vive qu’elle procure un sentiment de joie et, semblant avoir trouvé sa place dans le registre de la comédie, elle s’approprie à merveille ce personnage de femme débordée. A la fois brillante et drôle, elle est formidablement présente en bobo névrosée et domine tous ceux qui l’entourent dans ce film joyeux et dense.

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