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Fin de cet événement Décembre 2014 - Date du 10 décembre 2014 au 31 décembre 2014

Nos enfants

Le conseil ciné de la semaine de Caroline : NOS ENFANTS (I nostri ragazzi)
De Ivano De Matteo, sortie en salle ce mercredi 10 !

Le film commence par une scène très forte qui saisit le spectateur : assis à côté d’un enfant dans un embouteillage, un conducteur en engueule un autre qui téléphone au volant.

L’échange d’insultes se transforme en affrontement jusqu’à ce que l’un (flic en civil !) sorte un revolver pour descendre l’autre et atteindre son jeune fils. Blessé et traumatisé, l’enfant est transféré à l’hôpital dans le service d’un médecin dont le frère, avocat, doit défendre le criminel.

Jacopo Olmo Antinori, Rosabell Laurenti Sellers © Emanuela Scarpa

Dès lors, le film s’accroche à ces deux frères qui ont un regard opposé sur l’« accident ».

Le médecin, intègre et très humaniste, est confronté à la souffrance et professe des valeurs morales bienveillantes. Tandis que l’avocat, retors à souhait, comme le veut sa profession, vante les compromissions. Malgré leurs oppositions, ils conservent l’habitude de se réunir, une fois par mois, dans un luxueux restaurant où ils échangent des banalités, tandis que leurs femmes se torpillent mutuellement.
Mais un soir, ce fragile équilibre familial va vaciller : des caméras de surveillance ont filmé les excès de violence de leurs enfants respectifs, un garçon pour le médecin et une fille pour l’avocat.

Ces deux ados, accros aux jeux vidéo, sont complices dans leurs sorties nocturnes.

Chacun des parents va ainsi montrer ses contradictions face à la mise en danger de leur progéniture et les frères, tout autant que leurs femmes, vont réagir en opposition aux opinions prônées dans la première partie du film.

Les idées radicales prennent souvent des masques trompeurs.

Quoiqu’elle soit la première à déceler l’implication de son fils, la mère du garçon se montre incapable d’accepter la réalité en refusant l’idée que son rejeton puisse commettre un acte aussi horrible que pourtant elle constate. Dans les familles aisées, il semble régner un déni de la dégénérescence morale de la part des ados de leur monde et les parents, défaillants, préfèrent conserver leurs illusions sur leur progéniture.

Les personnages bien campés, même s’ils ne dépassent pas ceux d’une bonne dramatique télé, montrent des ados, sans préoccupation matérielle, se gavant des nouvelles technologies qui se sont substituées à l’éducation des parents.

D’abord la télévision, puis l’émergence d’internet qui, dès lors, a tout amplifié avec des jeux entraînant la banalisation de la violence – et même la fascination – et une fréquente confusion entre le virtuel et la réalité.

Un excellent casting réunit Giovanna Mezzogiorno, Barbora Bobulova, Luigi Lo Cascio et Alessandro Gasmann, tous épatants pour montrer leur beauté extérieure en opposition à leur médiocrité intérieure, mais le pire, à ce niveau, ce sont leurs enfants gâtés, nantis, pas cadrés, qui attendent tout de parents inconditionnels. Non seulement qu’ils leurs donnent des biens matériels, mais aussi qu’ils les protègent dans des situations complexes. Avec leur indifférence de repus, ils ne s’encombrent pas de valeurs morales ou de culpabilité.

En intitulant le film « Nos enfants », le réalisateur s’interroge lui-même et pose la question à chacun : que faire devant un « dérapage » de son enfant.

Le protéger de toute accusation ? ou estimer qu’il doit être jugé selon la loi, comme tout autre ?
« Nos enfants » a obtenu le Prix Europa à la dernière Mostra de Venise.

Photo de Une : extrait du film (détail) © Emanuela Scarpa

Sortie en salles le mercredi 10 décembre 2014

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