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Fin de cet événement Mai 2014 - Date du 14 mai 2014 au 25 mai 2014

SAINT LAURENT de Bertrand BONELLO

1967-1976 La rencontre de l’un des plus grands couturiers de tous les temps avec une décennie libre.
Aucun des deux n’en sortira intact.

Encore un biopic Français sur M YSL me direz vous, à quoi bon ? Là où le biopic de Lespert nous offrait une performance d’acteur, nous sommes chez Bonnello plus proche d’une évocation hypnogène, mêlant une ambiance narcotique soutenue par une image magnifiée, et une bande son somptueuse, c’est juste puissant.

Bonello s’est arrêté sur la période 1967-1976,certainement la plus emblématique du couturier. En effet au sommet de sa gloire, mais aussi tombant progressivement dans les affres des substances illicites, ce qui l’amène peu à peu à cette descente aux enfers aidé par la conséquence de puissants psychotropes à un enfermement mental, mélange d’introspection, saupoudrée par de nombreuses fugues amoureuses, et animé par les folles nuits parisiennes chez l’emblématique Régine entouré des plus belles égéries de l’époque.

Dans cette décennie , Yves Saint Laurent peint plus ses collections qu’il ne les façonne, inspiré de son passé oranais, de ses escapades marocaines, et de sa passion de la matière et des tissus qu’il utilise à merveille afin de magnifier les lignes féminines. C’est un créateur sans cesse au travail, toujours accompagné de son whisky et de ses "clopes".
Andy Warhol l’artiste "pop" de l’époque l’a bien compris, il sont culturellement parlant le créatifs les plus en vogues, mais aussi les plus aboutis, plusieurs échanges de correspondances entre les deux hommes sont sans équivoques, ils se savent au dessus de tous les autres.

Gaspard Ulliel donne corps à cet être fragile à la silhouette sylphide, comme un cygne, qui réservait ses chambres d’hôtel au nom de "M. Swann".
YSL était principalement entouré par Loulou de La Falaise, et Betty Catroux les deux compagnes de ses folles nuits, son amant le dandy sulfureux Jacques de Bascher, et en fidèle ami, son bouledogue, ou plutôt ses canidés successifs, tous nommés "Moujik".

Pierre Bergé est bien présent, l’argentier de la maison, celui qui a su porter aussi haut, et poser "YSL" comme une marque internationale est ici parfaitement interprété par Jérémie Renier.
Bergé a pourtant souhaité boycotter le film.
Au delà de mettre au grand jour la passion de son protégé pour Jacques de Basher (Louis Garnel) et ses soirées libidinales pour les moins dégradantes, il n’y a pourtant pas grand chose qui écorne véritablement le mécène français.

Yves Saint Laurent reste donc une légende, ce film est tantôt délicat,cru, bouillant, passionné, intime, intelligent, mais aussi coté technique parfaitement bien léché au niveau des lumières et de la bande son.

Un vrai moment de Cinéma, Cannes remonte peu à peu le niveau. Bravo M Bonnello.

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