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RODIN de Jacques DOILLON

A Paris, en 1880, Auguste Rodin reçoit enfin à 40 ans sa première commande de l’Etat : ce sera La Porte de L’Enfer composée de figurines dont certaines feront sa gloire comme le Baiser et le Penseur.
Il partage sa vie avec Rose, sa compagne de toujours, lorsqu’il rencontre la jeune Camille Claudel, son élève la plus douée qui devient vite son assistante, puis sa maîtresse. Dix ans de passion, mais également dix ans d’admiration commune et de complicité.
Après leur rupture, Rodin poursuit son travail avec acharnement. Il fait face et au refus et à l’enthousiasme que la sensualité de sa sculpture provoque et signe avec son Balzac, rejeté de son vivant, le point de départ incontesté de la sculpture moderne.
A 60 ans, enfin reconnu, il devient le sculpteur le plus célèbre avec Michel-Ange.

Il était difficile pour les équipes de Artcoted’azur de ne pas souhaiter découvrir avec envie, ardeur, et sans une certaine impatience le film RODIN de Jacques DOILLON, réalisateur connu pour sa filmographie sensuelle, charnelle et souvent enflammée.

Nous avons découvert Un RODIN lourd, sans âme et qui nous à laissé de marbre 2H durant..Ouff..

Pour le jeu tout d’abord, que compose d’une part dans les rôles principaux Vincent Lindon interprétant RODIN, si concrètement nous y croyons (barbe, costume, posture) que le rôle est habité et certainement très réfléchi et mûrement travaillé par l’acteur, il ne porte cependant physiquement à l’écran qu’une lourdeur doublée d’une empathie à la limite du bulot de bronze, et d’une léthargie gestuelle et souvent convenue (métaphores du passage de l’escargot et de la courbe naturelle et palpable d’un arbre) qui ne peut se comprendre pour le Maître du mouvement qu’était RODIN.

D’autre part Camille Claudel, campée par Izïa Higelin qui amene un peu de fraicheur à cette éléve surdouée et enflamée, mais cela n’est pas non plus à la hauteur du monument artistique que fut l’intéressée, et tombe souvent dans un jeu n’offrant que peu de scènes réellement enlevées.

On ne croit en rien, même pas aux scènes d’amour, de désir, ou d’échanges, les "tableaux" se suivent dans une pâleur et une pesanteur peu appropriées à la dimension passionnée que nous étions en droit d’attendre des deux personnages .

L’ensemble reste donc sans réel relief, sans profondeur, sans volume, et pourtant il en aurait fallu du volume afin de comprendre un RODIN parlant dans sa barbe, et à la voix si grave qui plus est doublée d’un manque d’articulation évident que nous avons failli à la sortie de la salle nous précipiter chez un audioprothésiste.

Que dire de la rivalité entre Rose et Camille, qui aurait pu réveiller les festivaliers somnolents dans leurs fauteuils cannois. Non rien je vous dis, tout est édulcoré, pesant, sans nuances, nous avons donc été plâtrés jusqu’au bout, rendus flaccides et amorphes jusqu’à la dernière image, vague tentative de présenter l’oeuvre sur le corps de Balzac exposée aux mouvements des nuages.

Pourtant cette oeuvre qui avait pris plus de 7 ans à RODIN, était révolutionnaire pour l’époque et très controversée. Cette sculpture se voulait être un concentré de traits expressifs sur la tête et porter un trajet inverse sur le corps qui était quant à lui drapé d’une robe de chambre, diluant toutes les formes et les surfaces du corps en mouvement pourtant chères et très présentes dans les œuvres précédentes du grand Maître.
Nous n’apprendrons donc rien en cela tant le message est confus sur cette oeuvre et passe donc inaperçu sur ce fil d’Ariane du film.
Il est précisé par votre serviteur que ce monument fit scandale lorsqu’il fut exposé en 1898 car jugé trop novateur et la commande fut même annulée. Rodin ne vit donc jamais son monument coulé en bronze.

En somme un vrai conseil, pour les amoureux de Rodin ou ceux qui souhaitent le découvrir, préférez une visite à Paris, rue de Varenne, ou mieux à la retrospective du centenaire de sa mort au Grand Palais l’émotion sera plus forte, certainement plus belle et de toute évidence plus durable.

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