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MA LOUTE DE BRUNO DUMONT

Eté 1910, Baie de la Slack dans le Nord de la France. De mystérieuses disparitions mettent en émoi la région. L’improbable inspecteur Machin et son sagace Malfoy (mal)mènent l’enquête. Ils se retrouvent bien malgré eux, au cœur d’une étrange et dévorante histoire d’amour entre Ma Loute, fils ainé d’une famille de pêcheurs aux mœurs bien particulières et Billie de la famille Van Peteghem, riches bourgeois lillois décadents.

Cela culbute le burlesque chez les cannibales consanguins.

L’histoire se déroule au cours de l’été 1910. Le début du 20e siècle correspond à l’émergence de la bourgeoisie, de l’industrie, du capitalisme et donc de la lutte des classes.
L’histoire dérape très vite, dans un décor qui magnifie admirablement la folie du scénario, avec un beau piqué d’image hyperréaliste.
Une maison bourgeoise de style néo-égyptien construite à la fin du 19e
siècle le Typhonium, siège de la famille Van Peteghem, riches lillois consanguins en villégiature sur la côte d’Opale.

Sur cette terre il y a aussi une famille de pécheurs de moules cannibales et passeurs de gué pour arrondir leur minable existence ; peu affables et durs comme le froid du Nord, dont le fils Ma Loute est le personnage principal.

Des policiers viennent complétés ce casting de déjantés, avec en trame de fond un style mélangeant Laurel et Hardy, Dupont et Dupont, qui mènent une enquête aussi intrigante, que bâclée et déstabilisante.
Un Lucchini patriarche bourgeois dans un vrai rôle de composition, à n’en pas douter c’est un Acteur.. Tout comme Juliette Binoche, Valeria Bruni Tedeschi et Jean-Luc Vincent, qui jouent, quelquefois surjouent, mais performent indubitablement.

C’est un Roméo et Juliette à la mode loufoque, une idylle parmi les monstres, entre consanguins et cannibales, entre bourgeois et prolétaires. Avec une belle révélation que Billie, qui se plaira tout le long du film à laisser planer le doute sur son genre, tantôt masculine, tantôt féminin, mais toujours avec un charme fou.
Un ensemble de beaux regards qui tranchent avec des scènes fracassantes ou le "trash" se marie avec des doses d’humour qui viennent souvent au secours d’inévitables tragédies.

Tout comme ce film qui vient d’une autre planète, Dumont doit voler haut, comme certains de ses personnages, pour avoir sortie une comète cinématographique pareille.
Il faudra vraiment trouver avant la fin du festival à quoi fonctionne ce réalisateur là.. !

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