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LE GRAND BAIN DE GILLES LELLOUCHE

C’est dans les couloirs de leur piscine municipale que Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s’entraînent sous l’autorité toute relative de Delphine, ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils se sentent libres et utiles. Ils vont mettre toute leur énergie dans une discipline jusque-là propriété de la gent féminine : la natation
synchronisée. Alors, oui c’est une idée plutôt bizarre, mais ce défi leur permettra de trouver un sens à leur vie…

Un démarrage de film surprenant, mêlant des images de notre monde, à une rhétorique sur les questions existentielles, pour finir par le postulat qu’un rond ne pourra jamais rentrer dans un carré et vice versa.

Attention, nagez ou coulez, avec le grand bain vous allez plonger dans une bien étrange comédie teintée du bleu des dépressifs.

C’est le film choral d’une tribu hétéroclite d’hommes de 40 à 50 ans plus ou moins désenchantés qui courent après des rêves déchus
Gilles LELLOUCHE n’exclut pas pour autant la gente féminine et c’est même par les femmes et pour elles que ces héros aquatiques vont finaliser leur rêve, devenir une des meilleures équipes de natation synchronisée masculine.

Certains évoqueront les Monty Python, avec THE FULL MONTY pour le côté thérapie de groupe chorégraphiée et feel-good movie assumé.
Ici ce ne sont pas des amis, mais ils partagent un moment très précis dans leur vie, où se joue quelque chose qui dépasse l’idée du sport, quelque chose comme l’esprit de corps et l’absence de cynisme.
Une thérapie pour :

Bertrand (Mathieu Amalric) certainement le summum du dépressif, mais qui en même temps, est heureux en couple, grâce à sa merveilleuse et tendre compagne (Marina Fois).

Laurent (Guillaume Canet), c’est le patron noyé dans la colère qui a réussi, mais qui est quitté par sa femme et rejeté par sa mère (Claire Nadeau) qui l’a toujours ramené à l’idée qu’il est laid et stupide.

Thierry (Philippe Katherine) est l’employé de piscine timide qui pour le coup, ne s’est jamais jeté dans le grand bain avec les femmes

Marcus (Benoît Poelvoorde), c’est le vendeur de piscine en plein déni dont la société boit la tasse.

Simon (Jean-Hugues Anglade), c’est le cantinier, artiste saltimbanque qui a raté son heure de gloire, mais qui y croit encore. A la limite de la ringardise, mais à l’émotion et à la sensibilité à fleur de peau.

Il y a aussi ce duo improbable interprété par Alban Ivanov et Balasingham ThamilcheLvan, qui a son propre mode de communication puisque AvaniSh ne parle pas français…


L’ensemble de ce groupe est tout d’abord dirigé par Delphine (Virginie Efira) athlète des bassins ratée qui se complait d’un amour non partagé et pointe encore aux alcooliques anonymes.

Puis c’est motivés par Amanda une impitoyable entraîneuse en fauteuil roulant, interprétée par Leïla Bekhti, que nos hommes de bain vont tenter de participer aux championnats du monde de natation synchronisée

En bref tous les ingrédients pour faire de cette comédie de Gilles LELLOUCHE un beau succès.
Inutile de vous confirmer que chacun des acteurs est digne de son rôle (ils ont bossé les bougre plus de 7 mois , et ce n’était certainement pas une sinécure pour Balasingham Thamilchelvan qui ne savait pas nager avant le film !!) et c’est là la grande force du film de LELLOUCHE, tout en réunissant l’histoire sur ce groupe de pieds nickelés nourris aux antidépresseurs, chacun à son moment, son histoire et l’on prend le temps de découvrir les failles, les faiblesses, et les brisures de ces vies somme toutes normales.

Aucun surmoi, aucun surhomme dans cette comédie thérapeutique d’un nouveau genre, une sorte de bulle de partage, ou chacun s’écoute et se respecte, mais n’hésite pas à confondre les digressions ou les angoisses des autres. Cela amène de bons moments dans le comique de situation, et quelques bonnes pouffées de rigolade.

Un film de plus de 2 heures qui se laisse donc regarder, et l’on s’accordera à croire que dans certains cas, un rond pourra rentrer dans un carré et vice versa ...

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