Voici un des meilleurs films de la sélection cannoise 2015 présenté à la Quinzaine des Réalisateurs et en ce moment sur vos écrans.
"Much loved" est un film franco marocain du metteur en scène Nabil Ayouch, précédemment remarqué à Cannes en 2012 pour son film "Les chevaux de Dieu" (prix François Chalais) qui retrace le parcours douloureux de quelques prostituées de Marrakech.
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Il dresse également le portrait sans concession de certains clients, des Français notamment perçus pour la plupart d’entre eux par ces filles comme des minables, fauchés, des "rats" (selon leur propre expression) mais aussi des Saoudiens qui pensent les asservir avec leur argent mais qui sont représentés dans le film comme des bouffons impuissants, voire des homosexuels refoulés.
Le tableau est féroce, de part et d’autre et la vision de l’Islam, selon la doxa islamiste, n’en sort pas intacte.
Ceci explique sûrement pourquoi, dès sa diffusion à Cannes, le film a été interdit de projection par les autorités marocaines car jugé comme attentatoire à l’image du pays et de la femme marocaine.
Une polémique bien évidemment sans aucun fondement au regard du discours du cinéaste dénué de tout prosélytisme ou complaisance vis à vis de la prostitution et particulièrement empathique à l’endroit de ces attendrissantes jeunes femmes musulmanes qui, comme ailleurs dans le monde, ont recours à certains artifices simplement pour survivre.
Le scénario du film s’est construit autour d’un long travail d’enquête de dix huit mois au Maroc, au cours duquel Nabil Ayouch a écouté des centaines de prostituées venues de tous milieux afin de coller au plus près au particularisme de la prostitution en pays musulman qui se déroule toujours forcément à l’abri des regards.
Finalement, on apprend que les Tartuffes sont de partout, même s’ils continuent à donner des leçons de morale au monde entier.
"Much loved" est donc un film excellent et particulièrement courageux, servi par de merveilleuses interprètes (dont Loubna Abidar) qu’il faut impérativement voir avant qu’il ne soit censuré, pris pour cible par les fous d’Allah ou tout simplement retiré de l’affiche.