| Retour

MATTHIAS ET MAXIME de Xavier DOLAN

Deux amis d’enfance s’embrassent pour les besoins d’un court métrage amateur.
Suite à ce baiser d’apparence anodine, un doute récurrent s’installe, confrontant les deux garçons à leurs préférences, bouleversant l’équilibre de leur cercle social et, bientôt, leurs existences.

30 ans, et déjà 9 films à son actif, Dolan c’est en quelque sorte le chouchou prodige du Festival de Cannes, mais pas vraiment celui de la presse et des critiques.

On se souvient de ces dernières caustiques notamment en 2016 pour "Juste la fin du monde" pourtant honoré d’un grand prix du Jury ;
Et surtout lors du dernier Festival de Toronto qui a cause de critiques acerbes sur "Ma vie avec John F. Donovan" ont annihilé toute prétention de carrière fulgurante pour Xavier Dolan en territoire américain.

Tourné principalement caméra à l’épaule, Matthias et Maxime c’est une suite de moments de vie des personnages, des amis, de la famille, le tout forme un condensé d’histoire que l’on découvre au fil d’un temps sans effet dans le temps ou retour en arrière.

Un dispositif « excitant à explorer », selon Dolan, qui dans ce nouveau long métrage, renoue avec l’esthétique de "Tom à la ferme" et l’énergie de "Mommy".
Dolan revêt ici avec une double casquette, celle de réalisateur et celle d’acteur.

On se laisse à penser à une troisième forme, peut être autobiographique ?

En effet, le réalisateur, ne s’était plus mis en scène depuis Tom à la ferme, il incarne ici Maxime aux côtés de Gabriel D’Almeida-Freitas, dans le rôle de Matthias.
Maxime découvre précisément sa préférence homosexuelle au cours d’une scène attachante et non dénuée d’humour.

Xavier Dolan s’est entouré d’une bande de copains mais également d’acteurs qu’il connaît bien puisque il revient à des acteurs canadiens, ceux-là même qui ont contribué aux succès de ses films précédents, notamment Anne Dorval, sa muse de cinéma, qui est merveilleuse dans son interprétation au comique évident.

Il y a dans ce Dolan certainement plus de douceur sentimentale, de mises à nu, de présentation de ses fractures sociales et familiales, notamment maternelle, mais certainement moins de force et d’ardeur dans la mise en scène et le rendu.

En effet, Dolan nous avait habitués dans ces films à des scénographies impressionnantes notamment dans l’éclatement des émotions et des sentiments.
Ici tout est plus édulcoré, même dans les affrontements. Le film à de toute évidence moins de force que ces précédents.

Mais est-ce plus mal ? Certainement pas, c’est pour le coup un film d’amour, un film d’amitié, indéniablement et profondément le plus personnel et le plus tendre de Xavier Dolan, comme s’il fallait se présenter aux yeux du monde, comme un être sensible, dont la poésie amène irrémédiablement une fin nostalgique ou heureuse, je vous laisse découvrir le choix du réalisateur.

On a vraiment aimé la prestation d’Anne Dorval et Gabriel D’ ALMEIDA FREITAS, mais malgré le fait d’un vrai changement dans la réalisation et les plans séquences plus larges, nous ne le voyons pas dans la course à la palme.

Artiste(s)