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BACURAU de Kleber MENDONÇA FILHO, Juliano DORNELLES

Dans un futur proche…
Le village de Bacurau fait le deuil de sa matriarche Carmelita qui s’est éteinte à 94 ans. Quelques jours plus tard, les habitants remarquent que le village a disparu de la carte.

Mendonça nous avait habitué à être critique envers tous les systèmes mafieux, argentés, ou puissants.
Dans Aquarius son dernier film présenté à Cannes il était le défenseur d’un héritage immobilier face à l’adversité de promoteurs prêts à tout, il montrait une face étonnante d’un Brésil qui devenait la proie de spéculateurs mafieux.
Les œuvres de Mandonca sont animées du désir de dénoncer les compérages des corps économiques et politiques d’un Brésil ouvert à toutes les corruptions.

Dans Bacurau, la philosophie reste donc la même, mais le traitement est plutôt inédit dans le genre.
Ce nom est celui d’un oiseau plutôt sauvage et aux activités nocturnes, en tout état de cause un oiseau libre. Comme le nom de ce village perdu à quelques centaines de kilomètres de la sierra verde. Village vivant en autarcie, avec son école, son musée qui expose les derniers combats sanglants des habitants pour leur liberté, son bordel, son église, son épicerie, et ses habitants derniers remparts d’une société brésilienne avides de terres et gérée par des politiques qui ne souhaitent que leur réélection.
En bref, mis à part la mort de la doyenne de 94 ans, qui nous amène à une parfaite cérémonie de commémoration qui unit l’ensemble du village et quelques frasques de l’étrange doctoresse tout parait rouler.

C’était sans compter sur l’embargo d’eau effectué par les riches propriétaires terriens alentours amenant le village à s’approvisionner par camion, et le fait que le professeur d’école découvre que Bucarau a purement été rayé des cartes dématérialisées de la région, dés lors des cercueils apparaissent sur les routes, et des chevaux galopent dans le village.
Toute cette première partie du film est propre à ambiancer le mystère qui couve, comme dans une nouvelle fantastique, des éléments futuristes viennent heurter la paisible communauté.

Le rythme du film s’accélére avec l’arrivée d’un étrange drone, d’un couple étonnant en motocross, et plusieurs paysans meurrent alors mystérieusement.

C’est le western façon Running Man de Mendonça qui commence, cela aurait certainement plu à John Woo, ou à Tarantino, inutile de vous faire comprendre à partir de ce moment ça balance pas mal, accrochez-vous, ça flingue sec...


Mais comme dans tout bon western qui se respecte, la morale est sauve et le filigrane du discours politique de Mendonça est bien présent, une sorte de manifeste de résistance, il ne faudrait pas que le Brésil finisse par être sous la coupe intégrale de politiciens corrompus, alléguant les terres recluses à de vulgaires réserves à touristes.

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