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Maurice Fréchuret : parcours d’un Conservateur inspiré

Apres des études de Sociologue et d’histoire de l’art, Maurice Fréchuret rejoint en 1980 le Musée d’Art et d’Industrie de Saint Etienne (sa ville natale) en tant que responsable du service éducatif sous la direction de Bernard Ceysson.
En 1987, nommé Conservateur, il consacrera sa première exposition à "l’Art moderne en Europe" (1946-53).
Comment les artistes ont-ils rendu compte de ces années décisives qui ont suivi la deuxième guerre mondiale ? Qu’ont-ils créé pour se remettre des terribles traumatismes qu’ils ont vécu ? Quels choix ont-ils faits ? Fallait-il repartir à z ?ro, comme le voulait Barnett Newman, fonder un nouvel art débarrassé des vieilles idéologies ?

Abstraits et figuratifs s’opposent : l’Expressionnisme abstrait de Jackson Pollock, Mark Rothko, Clyfford Still, David Smith ou Willem De Kooning face à l’abstraction lyrique de Nicolas de Staël, Wols, Bram van Velde, Pierre Soulages, etc.
Durant les quinze années passées au Musée d’art moderne Saint-Etienne, Maurice Fréchuret abordera des thématiques originales aussi bien liées à l’histoire de l’art qu’à des préoccupations plus plastiques : "L’écriture griffée" d’Antonin Artaud à Brassaï et à Victor Brauner, "La céramique expérimentale en Italie", "Les interrogations esthétiques en Italie", "Le vide et le plein”, "Du rigide au flexible", etc.

Portrait Maurice Fréchuret, © Musée national Marc Chagall, Nice

Trois autres villes importantes vont baliser son parcours : Antibes, Bordeaux et Nice.
À Antibes, Conservateur du Musée Picasso, il sera l’initiateur d’expositions passionnantes comme : "L’envolée, l’enfouissement", une étude transversale sur l’art avant et après la deuxième guerre mondiale. À l’envolée de l’avant-guerre montrant des objets ou des formes en apesanteur, en ascension, répondra après guerre, le retour à la terre, à la racine des choses (pour un jour espérer refaire surface).
Avec "1946, Picasso et la Méditerranée Retrouvée", il retracera une période particulièrement heureuse de la vie de Picasso, celle de la "Joie de Vivre". C’est l’année où Picasso habite au château Grimaldi (l’exposition célèbre aussi le 50e anniversaire de son séjour).
L’année 1946 est également le moment important où les artistes se retrouvent, reprennent confiance. Malgré le pessimisme et les traumatismes vécus, ils espèrent se libérer d’un monde qui a sombré avec la guerre. Deux courants principaux s’affirment : Abstraits et Figuratifs. Ils cohabitent plus ou moins sereinement (la plupart d’entre eux : Giacometti, Hélion, Brauner, Picasso, etc. sont restés figuratifs). En réalisant l’exposition Maurice Fréchuret se rend compte de l’influence déterminante de Picasso sur sa génération.
D’autres expositions remarquables suivront, notamment en 1999, "L’Art médecine", qui explore les œuvres des artistes pensant l’art comme ayant des valeurs thérapeutiques.

Nommé en 2001 Directeur du CAPC, le Musée d’Art Contemporain de Bordeaux, il va travailler sur des thématiques plus contemporaines.
L’exposition "Les années 70, l’art en cause" évoque les années de remise en questions : contestation politique, sociétale, mœurs, etc. (seront présentés 150 artistes de toutes tendances).
Maurice Fréchuret initiera d’autres types d’expositions plus anthropologiques, comme la série : "Marcher" (les figures de la marche de Magritte à Giacometti), "Dormir" (Ecouter ce que dit l’oreiller), "Manger", ou des expositions monographiques d’artistes contemporains.

Portrait Maurice Fréchuret, © Musée national Marc Chagall, Nice

En 2006, nommé à la Direction des Musées Nationaux des Alpes Maritimes, il a en charge trois musées où il organise des expositions avec la volonté de créer des dialogues entre des artistes historiques et contemporains.
Le quarantième anniversaire du Musée Chagall sera célébré par plusieurs expositions sur l’artiste ou sur le musée lui-même (architecte Andre Hermant).
Ces dernières années, par son talent de rassembleur, Maurice Fréchuret a réuni plus de cinquante lieux pour mettre en valeur la riche création artistique de notre région depuis les années 50 : “L’Art contemporain et la Côte d’Azur – Un territoire pour l’expérimentation 1951-2011”.
L’exposition “Exils” (en collaboration avec la Réunion des Musées Nationaux), montre l’expérience commune de l’exil de trois figures majeures de l’art que sont Picasso, Léger et Chagall.
Par les thèmes originaux impulsés tout au long de son parcours, Maurice Fréchuret se montre un fin analyste de notre époque et du regard que les artistes portent sur elle.
Sa très riche bibliographie traduit ses innombrables intérêts pour les formes mouvantes de l’art contemporain.

Visuel de Une : Photo de l’inauguration de Fernand léger : rencontruire le réel, le samedi 1er mars 2014 à 11h. De gauche à droite, Jean-Paul Cluzel, Président de la Réunion des musées nationaux- Grand Palais, Christine Labourdette, Service des musées de France,Directrice des musées , Blandine Chavanne, Directrice du musée des Beaux-Arts de Nantes, Maurice Fréchuret, Directeur des musées nationaux du XXème siècle des Alpes-Maritimes et Claire Lebossé, conservatrice chargée de l’art moderne au musée des Beaux-Arts de Nantes. © Musée national Marc Chagall, Nice

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